"Un spectacle affligeant": les syndicats enseignants vent debout après la nomination d'Anne Genetet à l'Éducation

C'est la sixième titulaire du poste en sept ans: la macroniste Anne Genetet, jusqu'ici connue à l'Assemblée pour ses travaux sur la défense et la diplomatie, a été nommée samedi 21 septembre ministre de l'Éducation nationale dans le nouveau gouvernement de Michel Barnier.

Cette nomination a instantanément crispé le monde enseignant, qui voit en la nouvelle ministre la continuité de la politique menée par l'ancien ministre de l'Éducation Gabriel Attal.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat enseignant SNES-FSU, a expliqué sur BFMTV ce dimanche 22 septembre avoir accueilli la nouvelle avec "beaucoup de colère", "face à une forme de mépris affiché envers l'Éducation nationale".

Un "clone de Gabriel Attal pour continuer la politique engagée"

"On a une nouvelle ministre de l'Éducation nationale qui ne connaît pas les dossiers, qui n'a jamais traité ces sujets et qui vraisemblablement a été nommée parce qu'elle a été poussée par Gabriel Attal pour poursuivre la politique du 'choc des savoirs' qui est pourtant contestée, désavouée dans les urnes", a-t-elle encore fustigé sur notre antenne.

"Il a là un mépris pour ce qu'on dit, ce qu'on fait", a-t-elle pointé, dénonçant une nomination "complètement décalée" par rapport aux énormes enjeux auxquels doit faire face l'Éducation nationale".

"Après plusieurs revirements, c'est Anne Genetet - experte de la gestion du personnel de maison - qui gagne le chifoumi pour être ministre de l'Éducation. Un spectacle affligeant au regard de la crise que traverse l'École. Il faut un changement profond de politique et de méthode", avait tweeté le SNES-FSU, dès l'annonce de sa nomination.

En "colère", Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, principal syndicat du premier degré, voit dans la ministre un "clone de Gabriel Attal pour continuer la politique engagée", comme elle l'a confiée à l'AFP.

"Une fois de plus sous Macron, l'école sert de variable d'ajustement. Or, elle exige une réelle expertise et ne peut être simple objet des équilibres politiques!", a quant à elle déploré Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa.

"Je n'ai pas fait passer de CV"

Députée du groupe Ensemble pour la République (EPR, ex-Renaissance), Anne Genetet s'apprête à découvrir l'une des administrations les plus exigeantes de l'État. Inconnue du grand public, et surtout des enseignants, la native de Neuilly-sur-Seine aura des dossiers urgents à traiter, à commencer par la crise d'attractivité du métier. Érigé en "urgence structurelle" pour les syndicats, le problème perdure, avec plus de 3.000 postes non pourvus aux concours enseignants cette année.

"Je veux travailler sur la dévalorisation du métier et la solitude des enseignants, ainsi que sur le besoin de formation continue", a déclaré Anne Genetet, 61 ans, contactée par l'AFP. "J'ai bien conscience de tout cela", insiste-t-elle.

Elle aura notamment à gérer l'application de la réforme de la formation initiale des enseignants, annoncée au printemps par Emmanuel Macron, et les suites du "choc des savoirs", une série de mesures annoncées par Gabriel Attal fin 2023 qui ont crispé le monde enseignant, comme les groupes de niveau.

"Je n'ai rien demandé et je n'ai pas fait passer de CV", a-t-elle assuré, mettant en avant un engagement pour "la transmission des savoirs" dans sa carrière.

Article original publié sur BFMTV.com