Soupçons de "favoritisme" : Dussopt tancé par un député LFI en plein débat sur les retraites

Hadrien Clouet à l'Assemblée nationale le 3 octobre 2022 - Ludovic MARIN / AFP

Olivier Dussopt est soupçonné de "favoritisme" par le PNF dans l'attribution d'un marché public à un groupe de traitement de l'eau. L'affaire a été évoquée par un élu LFI lundi à l'Assemblée nationale.

Hadrien Clouet connaît bien les dernières actualités concernant Olivier Dussopt. Il n'a pas échappé au député insoumis que le ministre du Travail est soupçonné de "favoritisme" par le Parquet national financier (PNF), comme l'a révélé Mediapart, pour une affaire remontant à 2009 sur l'attribution d'un marché public à la Saur, un groupe spécialisé dans le traitement de l'eau. L'ex-socialiste était alors député-maire d'Annonay, en Ardèche.

Cette nouvelle tombe au mauvais moment pour Olivier Dussopt, en première ligne sur la réforme des retraites. Hadrien Clouet, l'un des chefs de file de La France insoumise (LFI) sur ce texte, a saisi la balle au bond lors du premier jour des débats.

Il s'est d'abord attaché à critiquer le projet sur le fond, évoquant "les longues pleurnicheries" du camp présidentiel, lorsque la gauche a "proposé de faire contribuer les super riches ou Bernard Arnault."

"J'espère que ce n'est pas de l'eau de la Saur"

Puis le sociologue, spécialiste de l'emploi et du travail, a fait une pause dans son intervention. Le temps de boire un verre pour mieux tacler Olivier Dussopt.

"J'espère que ce n'est pas de l'eau de la Saur, mais je me permets quand même", a-t-il glissé, provoquant quelques ricanements dans l'hémicycle.

Il est ensuite revenu sur la réforme des retraites, listant, "ceux qui payeront", selon lui, avec le projet de loi du gouvernement - comme "les femmes", "les mères", ou "les jeunes" - mais surtout "celles et ceux qui ne contribueront pas", telles que "les grandes sociétés qui offrent des lithographies". Une nouvelle pique au ministre du Travail.

Le PNF avait ouvert une enquête préliminaire à l'encontre de ce dernier pour "prise illégale d'intérêts" et "corruption" en 2020. En cause : deux lithographies du peintre Gérard Garouste offertes à Olivier Dussopt en 2017 par la Saur au moment où Annonay et l'entreprise négociaient un partenariat industriel.

"Peu de doute sur l'existence d'un arrangement"

"À l'issue de ce travail d'enquête, le parquet avait regroupé les faits en cinq points et je constate que les explications données avec mon avocat ont convaincu le parquet de ma bonne foi puisque sur quatre de ces cinq points, le parquet a décidé qu'il y avait lieu" de les classer, sans "poursuite pour corruption, prise d'intérêt ou enrichissement", a expliqué Olivier Dussopt ce vendredi.

Restent les soupçons de "favoritisme". Selon Mediapart, la perquisition réalisée chez le ministre par les enquêteurs financiers de l'Oclciff (Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales) a mis au jour "des échanges entre Olivier Dussopt et (la Saur) semblant laisser peu de doute sur l'existence d'un arrangement autour d'un marché public daté de 2009-2010", lorsqu'il était député et maire socialiste de cette commune d'Ardèche.

Article original publié sur BFMTV.com

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