Soupçonnés de harcèlement en ligne contre deux élus et un médecin, 8 membres d'un groupe antivaccin bientôt jugés

Des manifestants anti-vaccin près de  Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, France, le 24 novembre 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Des manifestants anti-vaccin près de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, France, le 24 novembre 2021 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Ils visaient particulièrement deux élus et un médecin pour s'opposer aux vaccins contre le Covid. Neuf personnes ont été interpellées et placées en garde à vue pour "harcèlement moral par un service de communication en ligne" dans le cadre d'une enquête lancée au printemps par le pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris.

Ces deux hommes de 45 et 54 ans et six femmes âgées de 40 à 52 ans ont été interpellés mardi en Moselle, dans le Rhône, en Seine-et-Marne, dans les Hauts-de-Seine et dans le Finistère. Ils ont été placés en garde à vue et comparaîtront devant un tribunal, où ils encourrent 2 ans de prison et 30.000 euros d'amende, à une date ultérieure. Une neuvième personne avait été interpellée, mais a été libérée sans poursuite, pour l'heure.

"V pour Vendetta"

Le coup de filet, coordonné par l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH), a visé des membres d'un groupe structuré de harceleurs en ligne de mouvance antivaccins, un groupe d'origine italienne "ViVi" ou "V_V", un nom qui viendrait du verbe italien "vivere" ("vivre"). Son logo, un double V rouge au centre d'un cercle, détourne celui de la BD devenue film, "V pour Vendetta".

Ce groupe est suspecté d'avoir harcelé de façon concertée trois personnes, deux élus et un médecin, sur les réseaux sociaux entre le printemps et la fin de l'été 2021. Avec des profils numériques portant le masque de Guy Fawkes, popularisé depuis par les hackers d'Anonymous, ces internautes laissaient, notamment, des commentaires sous les messages des personnes visées, plutôt que de poster des contenus.

Pour passer au travers de la détection automatique de Facebook, ils utilisaient des orthographes légèrement modifiées comme "vaxcinati" au lieu de "vaccinati", pour dire "les personnes vaccinées" en italien.

"Chantage vaccinal"

Sous des publications d'institutions, d'élus ou d'articles de presse, on peut ainsi voir apparaître des dizaines de messages parfois parfaitement identiques, publiés dans un laps de temps court. Ils dénoncent un "chantage vaccinal", "le véritable virus (qui) est le gouvernement et le système qui tuent les personnes et détruisent la société" et disent "stop à la suppression des droits".

En décembre, le directeur des enquêtes sur les menaces émergentes de Facebook, Mike Dvilyanski, avait déjà expliqué que les membres de ce groupe se coordonnaient notamment via la messagerie Telegram. Les volontaires avaient accès à des listes de personnes à cibler et à des "formations" pour échapper à la détection automatique du géant américain.

Article original publié sur BFMTV.com