Soudan: L'armée renforce sa présence dans le centre de Khartoum

L'armée soudanaise a renforcé sa présence mercredi à Khartoum autour du complexe qui abrite le ministère de la Défense, le siège des services de sécurité et la résidence du président Omar al Béchir, devant lequel des milliers de manifestants sont rassemblés depuis samedi. /Image diffusée le 10 avril 2019/REUTERS/@THAWRAGYSD

KHARTOUM (Reuters) - L'armée soudanaise a renforcé sa présence mercredi à Khartoum autour du complexe qui abrite le ministère de la Défense, le siège des services de sécurité et la résidence du président Omar al Béchir, devant lequel des milliers de manifestants sont rassemblés depuis samedi.

Les soldats ont protégé ces derniers jours les manifestants contre les attaques des policiers et des forces de sécurité qui ont tenté à plusieurs reprises de disperser la foule, dont la protestation contre le président Béchir se poursuit dans une atmosphère festive de chants et de danses.

Contrairement à ce qui s'est passé lundi et mardi, ni la police anti-émeute ni les agents du service national de sécurité et de renseignement (NISS) n'ont tenté mercredi matin de chasser les manifestants.

"Avec la présence de l'armée, nous nous sentons en sécurité. L'armée nous protège et nous continuerons cette manifestation pacifique jusqu'à la chute du régime", a déclaré à Reuters Ayman Abdullah, un manifestant de 23 ans.

La police a affirmé mercredi que onze personnes, dont six "membres de la force publique", avaient été tuées dans les violences de mardi à Khartoum.

Selon des sources médicales proches de l'opposition, les affrontements dans la capitale ont fait 21 morts, dont cinq soldats, et plus de 150 blessés depuis samedi.

Les manifestations se succèdent au Soudan depuis le 19 décembre.

Au départ, les manifestants dénonçaient la forte hausse des prix des denrées de base, dans un contexte de grave crise économique provoquée en partie par des années de sanctions américaines et par la perte des revenus pétroliers depuis la sécession du Soudan du Sud en 2011.

Peu à peu, le mouvement a tourné à la contestation politique contre le président Béchir, au pouvoir depuis 1989.

Lundi, le ministère de l'Intérieur a fait état d'un bilan de 39 morts, dont trois membres des services de sécurité, depuis le début des troubles en décembre. L'opposition, elle, parle d'une soixantaine de morts durant la même période.

(Khalid Abdelaziz; Guy Kerivel pour le service français)