Soudan : Halima Lazem, une passionaria pour sauver la gomme arabique
Quand nous la rencontrons, mi-janvier, Halima Lazem vient de perdre sa sœur. Une voisine passe dans son salon garni de tapis crème pour lui présenter ses condoléances. Mais, dès qu'elle se remémore les premières heures de son association, le visage de la quadragénaire s'illumine de nouveau. L'idée a germé devant des tasses de café épicé partagées entre productrices de gomme arabique. Une fois transformé, cet exsudat de sève est un indispensable de nombreuses industries alimentaire, cosmétique ou encore pharmaceutique. Le Soudan assure 70 % de la production mondiale, tandis que l'Hexagone est le premier importateur de matière brute. « Nous avons décidé de créer un système de “boîte“ pour nous entraider à l'approche du ramadan », se souvient Halima Lazem en offrant, sur un plateau en corde tressée, ces fameux diamants à laquelle la gomme arabique s'apparente en séchant. Les habitants de sa région, le Kordofan, dans le sud-ouest du pays, ont pour habitude de mâcher cette substance relativement insipide mais aux propriétés probiotiques reconnues.
Le projet des agricultrices emmenées par Halima Lazem a ainsi débuté avec quelques livres soudanaises mises en commun afin de grouper leurs achats d'huile, d'oignons, de dattes et autres mets traditionnellement consommés pour rompre le jeûne du mois sacré de l'islam. Peu à peu, les rangs ont grossi jusqu'à rassembler 180 productrices travaillant aux alentours du village de Tallib, dans l'État du Kordofan-Occidental. Ta [...] Lire la suite