Pour sortir de la crise, Emmanuel Macron propose une réunion des « différentes forces politiques »

Toujours en quête d’un Premier ministre, le chef de l’État entame un nouveau cycle de consultations, cette fois en conviant tout le monde autour d’une même table.

France's President Emmanuel Macron (L) waits to greet Guinea-Bissau's president at the Elysee Presidential Palace in Paris on December 9, 2024. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

POLITIQUE - Le nom du prochain Premier ministre sera-t-il connu avant Noël ? Emmanuel Macron, qui a ouvert des consultations au lendemain de son allocution télévisée du 5 décembre, propose une « nouvelle méthode ». Après avoir reçu séparément les représentants du « socle commun » (LR et macronistes), les socialistes, les écologistes et les communistes, le chef de l’État entend les réunir autour d’une même table. Objectif : sortir au plus vite de la crise et nommer rapidement un chef de gouvernement.

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Dernière idée en date : une « réunion des différentes forces politiques pour échanger sur une plateforme programmatique » qui, comme l’ont précisé les Verts à leur sortie de l’Élysée, devrait se tenir dès ce mardi 10 décembre. Marine Tondelier s’est réjoui que le Rassemblement national reste en dehors des discussions. « La solution ne pourrait pas ou plus reposer sur un accord » avec l’extrême droite, a-t-elle souligné, avant d’ajouter qu’Emmanuel Macron a été « très clair sur le fait que le RN, pour lui, n’était pas dans le périmètre des partis qui souhaitaient discuter ».

Cette discussion transpartisane, à laquelle sont invités différents partis de droite comme de gauche, serait la première du genre depuis la dissolution. Au lendemain des élections législatives anticipées, le Président s’en était tenu à des bilatérales. Mais le contour de cette rencontre est encore flou. « On ne sait pas encore à qui exactement a été faite cette proposition et qui répondra favorablement », a confirmé la patronne des Écologistes, qui demande que les représentants de La France insoumise se joignent à eux, dans un souci de cohérence et d’unité du Nouveau Front populaire : « Nous avons plus de poids dans cette discussion si les Insoumis viennent ». Manuel Bompard et Mathilde Panot, qui avaient refusé l’invitation de l’Élysée ce 9 décembre, ne semblent pas davantage prêts de participer à cette nouvelle initiative.

« Pas de ligne rouge » pour Roussel

Du côté du Parti communiste, Fabien Roussel a semblé très ouvert à la négociation. « Nous avons dit que bien sûr il était préférable qu’il y ait un Premier ministre de gauche », a-t-il déclaré à la sortie, sans en faire « un préalable », accréditant l’idée qu’il faisait « un pas » vers le chef de l’État. « Ce qui compte, c’est que l’on avance, et pour avancer, on ne vient pas en mettant des préalables sur des noms, des propositions, des lignes rouges ». Le secrétaire national du PCF, qui s’est incliné au premier tour des législatives et a ainsi perdu son siège de député, ne fait plus de l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans un totem. Il propose, si cela peut permettre d’aboutir à un accord avec la droite et les macronistes, « une conférence sociale ».

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La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a une idée : additionner les membres du « socle commun » aux députés socialistes et Liot, constituant ainsi une majorité absolue au-dessus de laquelle ne plane plus la menace d’une censure. Mais le PS est-il réellement prêt à s’engager dans une coalition avec LR et les macronistes ? « Si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement », rappelle le président du groupe socialiste à l’Assemblée Boris Vallaud. Position partagée par le patron du parti Olivier Faure, qui promet tout de même « des concessions réciproques » avec d’autres forces politiques.

« Quelques miettes »

Chez les Insoumis, la colère le dispute à l’incompréhension. Le député LFI Bastien Lachaud craint qu’en cas de plateforme programmatique commune avec la droite, la gauche ne se contente de « quelques miettes » et doivent se renier sur « la hausse des salaires ou le blocage des prix ». Paul Vannier, lui, enrage de voir ainsi « effacer la victoire du NFP et donner du temps à Macron alors que le compte à rebours de son départ est enclenché ». Aurélie Trouvé quant à elle, voit déjà poindre l’éclatement du NFP. Mais elle promet que La France insoumise « restera garante » du programme partagé.

« Nous continuerons avec tous ceux qui resteront fidèles à nos électeurs », a-t-elle expliqué sur RMC, se targuant de ne pas « tomber dans le piège de Macron ». Pour l’heure, la stratégie de LFI sur la suite des événements reste inchangée : tout miser sur une démission du chef de l’État et l’organisation d’une présidentielle anticipée. En attendant que ce scénario hasardeux advienne (ou non), une sortie de crise sera-t-elle trouvée rapidement ? Les précédents épisodes invitent à la prudence : cet été, il avait fallu plus de 50 jours à Emmanuel Macron pour choisir Michel Barnier. Dans le cas de Gabriel Attal et Élisabeth Borne, c’était aussi plusieurs semaines.

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