Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, du CPE à la réforme des retraites

Avant de s’engager à la CGT, Sophie Binet a été une des dirigeantes de l’Unef, le syndicat étudiant qui fut en pointe contre le CPE. On la voit ici en 2007 avant une rencontre au ministère de l’Enseignement supérieur.
Avant de s’engager à la CGT, Sophie Binet a été une des dirigeantes de l’Unef, le syndicat étudiant qui fut en pointe contre le CPE. On la voit ici en 2007 avant une rencontre au ministère de l’Enseignement supérieur.

SYNDICAT - Toute ressemblance avec la séquence actuelle n’est que pure coïncidence (ou pas). Nous sommes au printemps 2006, le gouvernement tente de faire passer une réforme sociale contre la volonté de millions de Français dans la rue. Le Premier ministre Dominique de Villepin la fait adopter par 49-3 mais la colère ne retombe pas. Au contraire, les jeunes continuent de se mobiliser par centaines de milliers dans tout le pays, contraignant l’exécutif à faire marche arrière.

Bien que promulguée, la loi créant le contrat première embauche (CPE) est finalement suspendue par Jacques Chirac qui met fin à la crise.

Ce scenario rêvé par les opposants à la réforme des retraites, doit ce vendredi matin être particulièrement présent dans la tête de Sophie Binet. Après une semaine de tension, celle qui était jusqu’alors secrétaire confédérale chargée de l’égalité femmes-hommes à la CGT en devient la secrétaire générale, succédant à Philippe Martinez.

« CPE » sont trois lettres cruciales dans le parcours de la nouvelle dirigeante syndicale. Pas seulement parce qu’avant d’être engagée à temps plein à la CGT, elle était Conseillère principale d’éducation dans un lycée de Marseille puis un autre de Seine-Saint-Denis. Le CPE est aussi l’un de ses premiers engagements.

Dirigeante de l’Unef en 2006

En 2006, l’étudiante en philo est en effet, à 24 ans, l’une des membres de la direction nationale de l’Unef, le syndicat étudiant en pointe de la mobilisation. « Quand Villepin confirme la mesure, dès 11h, on avait une pétition et on était disséminée sur toutes les universités de France pour faire signer cette pétition. On a vraiment dû faire un travail de masse et de conviction très important », raconte-t-elle dans un portrait réalisé dix ans plus tard par Libération.

À l’époque, les ressorts de la mobilisation ne sont pas exactement les mêmes mais des éléments du cocktail sont identiques à ceux d’aujourd’hui. Au point que l’on peut se demander si ces propos de Sophie Binet ont été tenus en 2006 ou en 2023. « L’attitude du gouvernement n’aide pas : alors que 70% des Français et 80% des jeunes demandent le retrait de la réforme et que 1,5 million de personnes sont descendues dans la rue, continuer à passer en force et à refuser toute discussion s’apparente à une véritable provocation ! », disait-elle dans un chat pour le journal 20 Minutes à propos du CPE.

« L’attitude du gouvernement n’aide pas. (...) Elle s’apparente à une véritable provocation » Sophie Binet en 2006 à propos de CPE.

Porte-parole du syndicat dans les médias, elle doit aussi, comme les dirigeants syndicaux aujourd’hui, prendre ses distances avec les violences qui émaillent les cortèges et sont utilisées par les partisans de la réforme pour délégitimer les opposants. « Nous condamnons toujours la violence par principe. Effectivement, il y avait des jeunes qui étaient venus uniquement pour en découdre, sans aucun lien avec les revendications portées par le mouvement. (...) On peut également déplorer un certain nombre de provocations policières », expliquait-elle encore à 20 Minutes.

Autant de déclarations faites dans le courant du mois de mars, juste avant que le Conseil constitutionnel ne valide le texte, le 30 mars 2006. Mais le lendemain, Jacques Chirac prend la parole devant 20 millions de Français pour annoncer que le texte ne s’appliquera pas. Le mouvement étudiant remporte une victoire qui fait aujourd’hui encore figure d’exemple.

Et nul doute que Sophie Binet se fera fort de le rappeler à Élisabeth Borne, si elle accepte de se rendre dans quelques jours avec les autres membres de l’intersyndicale à Matignon pour exiger le retrait de la réforme des retraites.

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