Sophia Chikirou mise en examen pour « escroquerie aggravée » dans l’affaire des comptes de campagne de Mélenchon

Dans l’affaire des comptes de campagne de LFI en 2017, Sophia Chikirou a été entendue par un juge d’instruction ce mardi 24 septembre.
EMMANUEL DUNAND / AFP Dans l’affaire des comptes de campagne de LFI en 2017, Sophia Chikirou a été entendue par un juge d’instruction ce mardi 24 septembre.

JUSTICE - Des surfacturations au profit de structures proches des Insoumis ? Dans l’affaire des comptes de campagne de LFI lors de la présidentielle de 2017, la directrice de la communication d’alors Sophia Chikirou a été mise en examen pour « escroquerie aggravée » et « abus de biens sociaux ». Celle qui est aujourd’hui députée de Paris était entendue, ce mardi 24 septembre, par un juge d’instruction au tribunal de Paris.

Cette très proche de Jean-Luc Mélenchon est accusée d’avoir facturé, via son agence de communication Mediascop, des prestations à un prix bien supérieur à celui des autres acteurs du secteur, rappelle Le Monde. Une surfacturation dans le cadre d’une campagne électorale est illégale. L’élue de 45 ans nie ces faits.

Face au juge, « Sophia Chikirou a fait une déclaration dans laquelle elle a dénoncé l’acharnement dont elle fait l’objet depuis sept ans, les fuites à répétition dans la presse et le fait qu’elle estimait qu’elle n’avait rien à se reprocher », a déclaré à l’AFP Me Dominique Tricaud, qui l’accompagnait lors de cette convocation repoussée à plusieurs reprises.

Dans un communiqué, la France insoumise a dénoncé un « acharnement judiciaire et médiatique insupportable » ciblant « l’entourage de Jean-Luc Mélenchon ». « En 6 ans, le dossier ne comporte pas une pièce supplémentaire depuis le premier jour.  Tout cela a permis d’entretenir un climat de suspicion et d’alimenter un flot ininterrompu des pires injures racistes et sexistes sur les réseaux sociaux », peut-on lire.

Signalement de la Commission nationale des comptes de campagne

En 2018, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), puis la cellule de renseignement financier Tracfin, avaient adressé des signalements au parquet de Paris, qui avait ouvert une enquête préliminaire en avril 2018.

La CNCCFP, qui a validé fin 2017 les comptes des onze candidats LFI malgré certaines dépenses retranchées, avait justifié son signalement par des « interrogations », notamment sur les dépenses facturées par l’association l’Ère du peuple et par Mediascop.

La commission avait constaté, s’agissant de la seconde, dirigée par Sophia Chikirou en même temps que celle-ci gérait la communication du candidat Jean-Luc Mélenchon, qu’elle avait pour sa part facturé 54 600 euros à LFI. La commission en avait retranché 35 250 euros au motif d’« écarts significatifs » entre les montants et « la grille tarifaire de cette entreprise ».

Perquisitions spectaculaires

Mi-octobre 2018, le parquet avait diligenté des perquisitions spectaculaires, notamment car une partie a été diffusée en direct sur la page Facebook de Jean-Luc Mélenchon, au siège du parti, chez le leader Insoumis et de nombreux collaborateurs, déclenchant l’ire du parti de gauche radicale et la sortie de Mélenchon « La République, c’est moi ! ».

Quelques jours plus tard, Sophia Chikirou avait été entendue en audition libre sur deux jours à Nanterre par la police anticorruption (Oclciff). « Il n’y a pas eu de surfacturation, Mediascop n’a pas surfacturé, il n’y a pas d’enrichissement personnel, il n’y a pas eu de détournement de fonds publics », avait-elle balayé.

Si les juges d’instruction ont d’abord semblé écarter les principales accusations du dossier, ils ont finalement mis en examen en septembre 2021 le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, salarié en 2017 en tant que trésorier de l’association, pour « prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie ». Puis en février 2022, l’Ère du Peuple, une structure associative, a été mise en examen pour « escroquerie et tentative d’escroquerie aggravée » et « faux et usage de faux ».

La mise en examen de Sophia Chikirou pourrait fragiliser la position, déjà jugée clivante au sein du Nouveau Front populaire, de cette ancienne militante socialiste, éphémère soutien de Nicolas Sarkozy en 2007 avant de rejoindre Jean-Luc Mélenchon par la suite.

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