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Sophia, 23 ans, Marseille Dans son casque : «Sweet Home Alabama», de Lynyrd Skynyrd. Sur son canapé : son chat, Engels.

«Mon père était enseignant en Algérie, il a reçu des menaces de mort pendant la décennie noire. On est arrivés en France quand j’avais 8 ans. Le premier jour, tout était agression : les voitures, les lumières. On vivait dans la montagne : la télévision, le McDo, le téléphone, c’était pas mes habitudes. J’ai appris le français. J’étais parmi les meilleurs à l’école pour pas qu’on me dise "non seulement elle vient ici, mais en plus elle travaille pas."

Mes parents m’ont dit : "Sois discrète, ne fais pas de remous." Mon père a été agent de sécurité ici, il ne s’intéresse pas à la politique. Je pense que le déclassement social, c’est dur à vivre. Mais il m’a donné le goût d’enseigner. L’école, c’est un des seuls endroits ou je me suis sentie tout de suite chez moi en France. On est neuf enfants, la petite dernière est made in France. Je la trouve un peu trop française : individualiste. Quand je suis arrivée, on s’est pris en pleine face avril 2002. J’allais avoir 9 ans et j’ai pleuré, j’avais peur. On n’était pas encore régularisés donc moi je voyais le Front national arriver et je me disais : ça va être l’expulsion, ça y est. Après, j’ai fait toutes les manifs. CPE, retraites, IVG. La France est un pays de résistance et je me suis dit : "C’est pas ici qu’on va laisser monter les obscurantismes." Je me suis politisée au lycée, j’ai commencé un blog, et j’ai reçu un mot de Jean-Luc Mélenchon qui l’a lu. Depuis on est amis, on échange. Tiens, ça, c’est un message de lui sur WhatsApp : on se voit la semaine prochaine pour le Mouvement pour la VIe République. Le tout début en politique, c’est pas facile, mais finalement, je me suis présentée aux élections avec le Parti communiste, municipales et départementales. Marine Le Pen en 2012 a dit : "Il y en a assez de fabriquer des Français." Ça m’a tuée. Alors j’ai appelé mon livre Une Française de fabrication. (1) J’ai trouvé ça tellement condescendant, t’es fabriquée c’est pas parfait (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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