Songhoy Blues, un «Héritage» en partage
C’est le quatrième album pour Songhoy Blues. Avec Héritage, le groupe, dont la plupart des membres ont quitté la région de Tombouctou et vivent en exil dans la capitale malienne, Bamako, s’éloigne de l’électricité qui l’a souvent caractérisé. Il opère un virage acoustique franchement réussi.
On a souvent désigné ces quatre garçons comme des « punks de Tombouctou ». Même si le qualificatif de « punk » est sans doute discutable pour un groupe qui trouve ses origines au nord du Mali, il raconte bien que les Songhoy Blues ont flirté jusqu’à présent avec l’électricité, mélangeant volontiers leur musique au rock occidental. Avec ce quatrième album, Héritage, ils opèrent un tournant vers des sonorités acoustiques.
Leur blues du désert regarde cette fois-ci vers la guitare folk. La kora et le balafon se mêlent à des instruments plus typiques du nord du pays. « Ce n’est pas un album qui appartient seulement aux communautés du nord, cet Héritage concerne toute l’Afrique subsaharienne. On a traversé le Mali du nord au sud, d’est en ouest, pour que tout le monde s’y retrouve », appuie le guitariste Garba Touré.
Hommage aux « ancêtres »
Comme lui, les Songhoy Blues sont allés chercher d’anciens morceaux pour donner leur version de ces airs souvent méconnus. « Toukambela » est la reprise d’un morceau interprété par l’Orchestre Kanaga de Mopti, une formation de la fin des années 1970. « Gambary » est une pièce traditionnelle songhaï qui avait été revue en son temps par ce même orchestre. Le soku, le violon monocorde, se trace un chemin entre la guitare acoustique et la calebasse qui rythme toute la musique touarègue.