SONDAGE EXCLUSIF - Le budget que veulent les Français, entre hausse d’impôts (sur les plus riches) et baisse des dépenses
POLITIQUE - À la recherche de la bonne recette. Le gouvernement désormais au complet, Michel Barnier et ses ministres peaufinent leur feuille de route et les « choix difficiles » à faire sur le budget. Le locataire de Matignon doit annoncer la couleur mardi 1er octobre, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale.
Qui sera mis à contribution ? Comment réaliser les économies nécessaires ? La situation est périlleuse, comme le confirme le Premier ministre lui-même ce samedi 28 septembre, en évoquant dans un entretien à la presse régionale une « situation beaucoup plus dégradée que cela a été dit ».
Dans ce contexte, Le HuffPost publie ce samedi 28 septembre un sondage réalisé par l’institut YouGov sur les orientations que les Français aimeraient voir retenues. Résultat : les hausses d’impôts ne sont pas tabou (à condition qu’elles ciblent les foyers les plus aisés) et rencontrent bien moins d’adversité que la stratégie fiscale à l’œuvre depuis sept ans. La baisse des dépenses de l’État, non plus, ne sont plus à écarter.
Plus d’impôts pour les riches, pas pour les entreprises
Concrètement, quand on interroge les Français sur les deux grands leviers évoqués dans le débat politique pour rattraper le dérapage du déficit, ceux-ci préfèrent clairement toucher aux dépenses publiques qu’à la fiscalité des ménages ou des entreprises, si cela se fait sans distinction.
Dans le détail, 53 % des personnes sondées estiment que restructurer les dépenses est une bonne option. 50 % sont même favorables à leur réduction, une stratégie priorisée par le gouvernement pour « faire bien, parfois mieux avec moins d’argent public », selon les mots de Michel Barnier. À l’inverse, seules 8 % des personnes sondées prônent une augmentation des impôts pour les ménages, sans distinction de richesse, et 28 % pour les entreprises.
Les chiffres sont en revanche tout autres si l’effort se concentre sur les catégories les plus aisées de la population. Selon ce même sondage, 67 % des Français sont favorables à la création d’un impôt touchant les foyers « les plus riches » pour répondre à la situation budgétaire délicate. Fait singulier, cette inclinaison traverse toutes les tendances politiques : même les sympathisants du camp présidentiel, dont les élus sont particulièrement rétifs à toute hausse de la fiscalité, y sont favorables à 66 %.
Dans cette même logique, le retour de l’impôt sur la fortune, transformé par Emmanuel Macron en un dispositif moins-disant sur la fortune immobilière en 2018, est plébiscité dans la population. 63 % des Français approuvent effectivement l’idée d’un « ISF climatique », c’est-à-dire indexé sur l’impact carbone des placements financiers des ménages les plus riches.
Ce que mijote Barnier
Voilà pour la recette, à gros traits, souhaitée dans l’opinion publique. Mais quelle sera la potion finalement concoctée du côté de Matignon ? Les deux pourraient, sur le papier, se rapprocher selon les différents indices évoqués par l’exécutif çà et là.
Certes, le rétablissement des comptes publics passera « prioritairement » par une baisse des dépenses, a confirmé mercredi Laurent Saint-Martin, le nouveau ministre du Budget, à l’Assemblée nationale. Il ne s’interdit pas en ce sens de revoir les 492 milliards d’euros de dépenses mentionnés dans l’ébauche de budget 2025 du précédent gouvernement et, pour 2024, d’annuler tout ou partie des 16,5 milliards d’euros de crédits gelés.
Mais le gouvernement n’exclut pas, pour autant, de bouger sur la fiscalité des ménages les plus aisés, ce qui briserait le tabou en vigueur depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée. « Nous allons faire appel, de manière exceptionnelle et temporaire, à ceux qui peuvent contribuer à cet effort », confirme par exemple Michel Barnier, ce samedi, dans un entretien au Journal de Saône-et-Loire, en promettant par ailleurs de « protéger de toute augmentation fiscale ceux qui sont sur le terrain, qui travaillent, qui produisent. »
De quoi rassurer le plus grand nombre avant les annonces budgétaires ? Pas forcément. Dans cette même interview, le Premier ministre affirme que la situation difficile « concerne tout le monde, chaque famille. » La potion, quoi qu’il en soit, risque d’être corsée.
L’enquête a été réalisée sur 1 034 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 24 au 26 septembre 2024.
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