Sommet à Paris pour accélérer le processus de paix en Ukraine

Après un bombardement à Horlivka, en Ukraine. L'Elysée accueille vendredi un sommet à quatre - France, Allemagne, Russie, Ukraine - destiné à accélérer le processus de paix en Ukraine avec l'objectif, jugé atteignable par Paris, de parvenir à un accord d'ici la fin de l'année. /Photo prise le 25 août 2015/REUTERS/Alexander Ermochenko

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - L'Elysée accueille vendredi un sommet à quatre - France, Allemagne, Russie, Ukraine - destiné à accélérer le processus de paix en Ukraine avec l'objectif, jugé atteignable par Paris, de parvenir à un accord d'ici la fin de l'année. Huit mois après le sommet de Minsk qui avait ravivé l'accord pour régler le conflit entre Ukrainiens et séparatistes pro-russes qui a fait quelque 7.000 morts en 17 mois dans l'est de l'Ukraine, Vladimir Poutine, Angela Merkel et Petro Porochenko se réunissent avec François Hollande. Dans un contexte également marqué par le conflit syrien, qui sera évoqué au moment où la Russie entend reprendre la main, le chef du Kremlin s'entretiendra en particulier avec son homologue français. Une rencontre bilatérale est ensuite prévue avec la chancelière, avant une réunion à quatre. Objectif : accélérer la mise en oeuvre des accords de Minsk, dont dépend la levée des mesures restrictives imposées depuis l'an dernier par l'Union européenne à la Russie, accusée par l'Occident et l'Ukraine d'attiser le conflit ukrainien. "Oui, il y a la possibilité d'un accord et d'une levée des sanctions avant la fin de l'année", veut croire un diplomate français. "Il faut accélérer le processus." L'idée du sommet est de "prendre note de ce qui a été fait et de travailler au plus haut niveau pour essayer de lever les obstacles sur ce qu'il reste à faire", à savoir essentiellement le retrait des forces stationnées en Ukraine et la sécurisation de la frontière avec la Russie, explique-t-on à Paris. Parmi les autres points à débattre figure la libération des prisonniers et le processus politique incluant des élections dans les régions séparatistes. "LE TEMPS PRESSE" "Le temps presse, la fin de l'année c'est dans trois mois", rappelle-t-on. "On pourra mesurer le succès de cette réunion si Minsk fonctionne à la fin de l'année." Depuis leur première réunion en marge des cérémonies du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin 2014, les quatre dirigeants se sont entretenus plus d'une vingtaine de fois, la plupart du temps par téléphone. Le sommet de vendredi a été décidé par François Hollande et Angela Merkel dans un contexte d'apaisement sur le terrain, où le cessez-le-feu semble à peu près respecté, là où les combats faisaient une trentaine de morts par jour au début de l'année. Le gouvernement ukrainien et les séparatistes prorusses ont décidé cette semaine de retirer les chars de combat, les mortiers et les pièces d'artillerie d'un calibre inférieur à 100 mm des zones de confrontation dans l'est de l'Ukraine. "Le cessez-le-feu est fragile, c'est quelque chose qu'on ne peut pas considérer comme acquis", tempère un diplomate français. Kiev, l'Otan, l'UE et Washington accusent Moscou d'envoyer des troupes et des armes aux rebelles séparatistes prorusses qui combattent l'armée ukrainienne dans le Donbass. La Russie, qui a annexé la Crimée et bloqué tout processus de rapprochement de l'Ukraine avec l'UE et l'Otan, dément ces accusations. Depuis mars 2014, l'UE a progressivement imposé à la Russie un ensemble de restrictions, notamment des sanctions à l'égard de personnalités russes impliquées dans le conflit. LE DOSSIER SYRIEN ÉVOQUÉ Au terme d'une semaine marquée par une démonstration de force de la Russie dans le conflit syrien, où le soutien de Moscou à Bachar al Assad, y compris par des frappes aériennes, irrite Paris et Washington, la réunion sera une occasion de parler stratégie avec Vladimir Poutine. Le Premier ministre Manuel Valls a confirmé jeudi, lors d'un déplacement à Lyon, que le sujet serait abordé vendredi après les premières frappes aériennes russes en Syrie qui, selon les Occidentaux, n'ont pas visé l'Etat islamique. "Quand on veut s'attaquer au terrorisme, on détruit d'abord les sites de Daech qui présentent un vrai danger pour l'ensemble de notre pays", a-t-il déclaré à des journalistes. "Je constate malheureusement que ce n'est pas la position russe et le président de la République aura l'occasion d'en parler demain et de dire quelle est la position de la France." A la question de savoir si Vladimir Poutine est disposé à lâcher du lest sur le dossier ukrainien en échange d'un soutien à ses vues en Syrie, Paris refuse d'anticiper trop vite. "Il va de soi que ce qui se passe en Syrie, les positions qui ont été prises, celle du président Poutine, viennent influencer le climat. Dans quel sens ? On verra", dit un diplomate français. "On va mesurer demain les effets de ce qui se passe en Syrie sur l'Ukraine." (Edité par Yves Clarisse)