Sommet «Tech For Good» : Ne confondons pas intérêt général et génération d’intérêts

Mark Zuckerberg à San José (Californie), le 18 avril 2017.

Le 23 mai, le président de la République accueillera les géants américains du numérique pour parler de l'intérêt général et du bien commun. Sont-ils vraiment les meilleurs interlocuteurs sur ce sujet?

Le Président Emmanuel Macron convie le 23 mai les géants de la Silicon Valley, de Uber à Facebook en passant par Palantir, à une réunion baptisée «Tech For Good». Curieux mélange des genres d’associer la notion d’utilité et d’intérêt général à des acteurs qui ne privilégient que le «good for me». L’intention est louable mais les forces en présence déséquilibrées. Oui, les géants du Web ont sans doute un rôle à jouer dans le développement d’une technologie au service du bien commun et dans la protection des données. Oui, il est absolument nécessaire de les entendre sur ces sujets. Mais ne nous méprenons pas: ces plateformes portent une vision de l’innovation qui n’a rien à voir avec l’intérêt général, mais davantage avec la génération d’intérêts pour leurs investisseurs. Et quel est le pouvoir d’inflexion d’Emmanuel Macron, chef d’un Etat de 67 millions de concitoyens, face à un Mark Zuckerberg, qui détient et marchande les données de plusieurs milliards de personnes?

Ceci dit, voyons le verre à moitié plein. Plutôt que de donner crédit aux vœux pieux qui ne manqueront pas d’être prononcés par ces grands dirigeants, ce sommet est l’occasion de leur opposer une vision. Une vision de l’innovation qui n’est pas celle héritée de la Silicon Valley. On voudrait nous faire croire que le vrai progrès technologique est de connecter les gens les uns aux autres. Leur permettre d’échanger des informations, partager des contenus, les connecter à des centrales d’achat géantes où chacun pourra assouvir son besoin de consommer. Mais est-ce «for good» si l’information est fausse? Les contenus discriminants ou diffamatoires? Est-ce «for good» d’ubériser des secteurs entiers, des taxis aux libraires? Non. C’est dans l’intérêt de ces plateformes et dans celui de leurs investisseurs, (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Une marée populaire pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité
Alain Badiou, toujours mao de Mai 68
L’Académie française abolit la sélection
Pour une culture décentrée plurielle et métissée
Les morts-vivants de la dette et le méga krach à venir