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L'UE promet de redoubler d'efforts pour les migrants

Migrants rescapés sur un navire des gardes-côtes italiens dans le port de La Valette, à Malte. L'Union européenne a proposé lundi de doubler les moyens alloués à la recherche et au sauvetage en Méditerranée, au lendemain du naufrage d'un bateau de migrants qui pourrait avoir fait 900 morts. /Photo prise le 20 avril 2015/REUTERS/Darrin Zammit Lupi

par James Mackenzie et Robin Emmott CATANE, Italie/LUXEMBOURG (Reuters) - L'Union européenne a proposé lundi de doubler les moyens alloués à la recherche et au sauvetage en Méditerranée, au lendemain du naufrage d'un bateau de migrants qui pourrait avoir fait 900 morts. Trois autres opérations d'urgence étaient en cours en fin de journée pour tenter de sauver des centaines d'autres personnes ayant quitté les côtes africaines à bord de bateaux surchargés pour tenter de gagner l'Europe dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure. L'envolée des pertes humaines ces derniers jours a provoqué un choc en Europe, la décision prise l'an dernier de réduire le dispositif naval alloué au sauvetage des migrants semble avoir augmenté considérablement les risques encourus par ceux-ci sans en réduire le nombre. "La situation en Méditerranée est dramatique. Cela ne peut pas continuer ainsi", a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui a convoqué une réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pour jeudi, afin de débattre des moyens de lutter contre le trafic d'êtres humains et d'augmenter les efforts de sauvetage. Les ministres des Affaires étrangères des 28 réunis à Luxembourg ont observé une minute de silence avant d'entamer les débats sur cette nouvelle crise et d'étudier le plan en 10 points que leur a soumis la Commission européenne, qui inclut le doublement des moyens et du budget de l'opération navale Triton en Méditerranée. Ce doublement ne suffirait cependant pas à porter Triton au niveau de déploiement de Mare Nostrum, la mission lancée par l'armée italienne et interrompue l'an dernier en raison de son coût et de l'opposition politique qu'elle suscitait dans la péninsule. Triton, dont le budget mensuel est de 2,9 millions d'euros, trois fois moins que Mare Nostrum, a démarré avec sept navires, deux avions et un hélicoptère. DÉTRUIRE LES NAVIRES DES TRAFIQUANTS Au nombre des 10 points, l'UE décide aussi d'engager des efforts "systématiques" pour arraisonner et détruire les navires utilisés par les trafiquants, sur le modèle de la mission "Atalante" contre les pirates au large de la Somalie. Il s'agira d'une opération à la fois civile et militaire, ont dit des responsables européens sans donner de précisions. Pendant que se tenait la réunion de Luxembourg, l'Italie et Malte s'efforçaient de venir en aide à deux bateaux de migrants transportant quelque 400 personnes au large des côtes de la Libye tandis que, plusieurs centaines de kilomètres à l'est, des garde-côtes tentaient de sauver des migrants dont l'embarcation a été détruite en s'échouant au large de l'île grecque de Rhodes. Les garde-côtes ont fait état d'un premier bilan de trois morts. Plus de 90 occupants ont été secourus, dont 30 ont dû être hospitalisés. Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a comparé le trafic d'êtres humains en Méditerranée à l'esclavage en Afrique. "Quand nous disons que nous sommes en présence d'esclavage, nous n'utilisons pas ce mot uniquement pour faire de l'effet", a-t-il dit. Les dirigeants européens peinent à définir une politique qui permette de répondre de manière plus humaine à l'afflux de migrants venus d'Afrique et d'Asie sans pour autant l'encourager. "La recherche et le sauvetage seuls ne sont pas une solution miracle", a dit le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maiziere. Le secrétaire britannique au Foreign Office, Philip Hammond, a estimé que toute solution à la crise devait inclure un volet visant les réseaux de passeurs. L'Autriche a proposé l'ouverture de camps de demandeurs d'asile en Afrique du Nord, supervisés par les Nations unies et l'Italie a souhaité que l'Egypte et la Tunisie participent aux opérations de sauvetage. A Vienne, plus de 3.000 personnes, dont le président Heinz Fischer, se sont rassemblées pour un service à la mémoire des victimes. La foule a déposé des bougies sur une embarcation gonflable, en souvenir des personnes mortes noyées. (Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse, Marc Angrand et Eric Faye pour le service français)