Sommet délicat à Varna entre l'UE et la Turquie

L'Union européenne accueille ce lundi à Varna, en Bulgarie, le président turc Recep Tayyip Erdogan pour un sommet qui s'annonce délicat, alors qu'Ankara attend notamment que l'UE lui verse le solde des trois milliards d'euros promis en échange de l'accueil sur son sol de réfugiés syriens. /Photo d'archives/REUTERS/Olivier Hoslet

VARNA, Bulgarie (Reuters) - L'Union européenne accueille ce lundi à Varna, en Bulgarie, le président turc Recep Tayyip Erdogan pour un sommet qui s'annonce délicat, alors qu'Ankara attend notamment que l'UE lui verse le solde des trois milliards d'euros promis en échange de l'accueil sur son sol de réfugiés syriens.

Les liens commerciaux entre le bloc et la Turquie, ainsi que l'exemption de visa pour les Turcs désireux de voyager dans l'UE, seront aussi au programme des discussions.

Très critique envers l'autoritarisme grandissant d'Erdogan dans son pays et son intervention dans le conflit syrien, Bruxelles avait hésité à accepter cette rencontre.

Déjà tendues, les relations entre Ankara et l'Union se sont encore détériorées depuis le coup d'Etat manqué de juillet 2016, point de départ d'une répression féroce et d'échanges verbaux musclés entre l'Allemagne et les Pays-Bas d'un côté, et la Turquie de l'autre.

Mais la Bulgarie, hôte de ce sommet sur les rives de la mer Noire, voit une chance à saisir pour maintenir le dialogue avec la Turquie, qui souhaite toujours intégrer l'UE et dont l'armée est la deuxième la plus importante au sein de l'Otan.

"J'ai des sentiments partagés à propos de ce sommet de Varna parce que les divergences entre l'UE et la Turquie sont nombreuses", a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui représentera le bloc au côté du président du Conseil européen, Donald Tusk.

"Il y aura un débat franc et ouvert, lors duquel les divergences ne seront pas cachées et dont le but sera d'améliorer notre coopération", a dit Juncker devant les journalistes vendredi, au sortir de deux journées de réunions tenues à Bruxelles à propos de ce rendez-vous avec la Turquie.

Ankara considère ce sommet comme "une occasion importante de faire avancer nos relations", a déclaré le ministre turc chargé des affaires européennes.

La Turquie attend "une approche positive et constructive similaire de la part de l'UE", a ajouté Omer Celik.

A son départ d'Ankara pour Varna, le président Erdogan a redit la volonté de son pays d'adhérer à l'UE. Lors du sommet, a-t-il souligné, il demandera aux responsables européens de lever les obstacles à cette adhésion. Il leur demandera aussi de tenir leurs promesses financières à propos des réfugiés syriens qui ont fui la guerre dans leur pays.

Il réclamera une union douanière approfondie et une avancée sur la question de l'exemption de visa pour les Turcs souhaitant visiter l'Europe, a annoncé un porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères.

Selon des diplomates européens, l'UE est disposée à verser trois milliards d'euros supplémentaires pour aider la Turquie à prendre en charge les réfugiés syriens.

Cependant, les représentants de l'UE devraient se montrer encore plus critiques à l'égard de la purge effectuée par Ankara depuis la tentative de putsch de 2016.

(Tulay Karadeniz, Alissa de Carbonnel, Tuvan Gumrukcu et Ece Toksabay, avec Robin Emmott; Jean Terzian et Guy Kerivel pour le service français)