Sommeil : combien de temps doivent dormir les adolescents ?

“Dormez !”, intime aux élèves Rachid Zerrouki, surnommé Rachid l'instit sur X (anciennement Twitter) dans une tribune qu’il signe sur Libération. Cet enseignant dans un collège à Marseille a demandé à ses élèves volontaires de répondre à un questionnaire sur leur temps de sommeil. Verdict : l’échantillon des 16 jeunes interrogés se contente de 6h32 de sommeil en moyenne par nuit. Insuffisant pour apprendre dans de bonnes conditions, déplore-t-il.

Le manque de sommeil des jeunes n’est pas une nouvelle affaire. Déjà en 2018, une enquête nationale menée auprès de 20 000 collégiens et lycéens en France a montré que les élèves ne dormaient pas assez. Pire, leur nombre a augmenté au fil des ans. Ainsi, entre 2010 et 2018, le pourcentage de collégiens dormant moins de sept heures par nuit est passé de 7,8 % à 13 % et celui des lycéens de 25,1 % à 29 %. Des chiffres inquiétants car le sommeil est primordial pour la santé physique et mentale.

Pour bien comprendre, le sommeil se divise en plusieurs cycles. Chacun d’entre eux est composé de trois stades : le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal. "Le sommeil lent profond est important car il va permettre de régénérer le système immunitaire et de synthétiser les hormones de croissance notamment, nous explique Claire Leconte, professeur émérite de psychologie d’éducation et chercheur spécialiste des rythmes biologiques. Il est très long dans les premiers cycles, mais il va diminuer dès le troisième."

Ensuite, c’est le sommeil paradoxal qui va prendre davantage de place. "Cette phase de sommeil est primordiale pour les nouveaux apprentissages, car c’est à ce moment-là que le cerveau trie les informations pour les mettre dans la mémoire à long terme", ajoute la spécialiste.

Des besoins différents

Combien de temps doivent dormir les adolescents pour respecter leurs cycles de sommeil ? Un document d’information du CHU Sainte-Justine de Montréal préconise aux 12-17 ans de dormir environ entre 8 et 10 heures par nuit. Mais dans les faits, tous n’ont pas les mêmes besoins. "Tous les rythmes biologiques sont génétiquement programmés, comme la couleur des yeux et des cheveux", insiste Claire Leconte qui rappelle qu’il existe plusieurs typologies circadiennes. Le réseau Morphée a mis en ligne un questionnaire pour déterminer le sien sur son site.

Une première typologie se met en place entre 1 an et demi et 2 ans et permet de distinguer trois catégories de dormeurs : les petits, les moyens et les gros. Le petit dormeur a besoin de moins de temps de sommeil que le gros pour récupérer correctement. La deuxième typologie se met en place au moment de la puberté. "Ici, on va créer trois nouvelles catégories, les lève-tôt, les intermédiaires et les couche-tard, qui vont se croiser avec les trois premières", note la spécialiste. Selon elle, la plus grosse erreur est de croire que tous les adolescents sont des couche-tard naturels.

Comme ces déterminations sont génétiques, il est très difficile d’agir dessus. L’experte des rythmes biologiques recommande tout de même de ne pas louper son heure de coucher, au risque de mettre un long moment avant de s’endormir. Pour la reconnaître, il faut être vigilant au "coup de froid" ressenti dans la soirée. En allant au lit à ce moment précis, vous avez très fortes chances de tomber dans les bras de Morphée en moins de 20 minutes.

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