Somme : les électeurs votent dans une église, les résultats de la présidentielle annulés
Le Conseil constitutionnel a pris cette décision radicale suite à la visite inopinée d'une magistrate déléguée dans ce bureau de vote non réglementaire.
En France, on ne transige pas avec la séparation de l'Église et de l'État. C'est, en substance, le message qu'a voulu faire passer le Conseil constitutionnel en invalidant les résultats du second tour de l'élection présidentielle dans la petite commune de Cizancourt (Somme), où les électeurs ont voté... dans une église.
D'après Jean-Luc Doutart, le maire de ce village de 36 habitants (dont 34 sont inscrits sur les listes électorales), ce n'est cependant pas la première fois qu'une élection se tient dans ce lieu non réglementaire. La mairie étant en travaux depuis plusieurs années, l'église Sainte-Marie-Madeleine est en effet le seul bâtiment assez grand dans la commune pour accueillir ce type de scrutin.
L'isoloir trop proche du confessionnal ?
"On ne peut pas faire autrement, se défend l'édile, cité par France Bleu. On a voté dans l'église l'année dernière, pareil au premier tour et ça n'a pas posé de problèmes. On avait les autorisations de la Préfecture (...) on cherche des histoires pour pas grand chose."
La différence, par rapport aux précédentes échéances électorales, est que cette fois, une magistrate déléguée du Conseil constitutionnel est "passée à l'improviste" dans ce bureau de vote. En conclusion de son rapport, cette dernière a jugé que par nature, ce dernier pouvait "porter atteinte à la liberté et à la sincérité du scrutin", notamment en raison de la proximité entre l'isoloir et le confessionnal de l'église.
Un problème épineux en vue des législatives
Malgré une forte participation (79,4% des inscrits, soit 27 votants), les résultats cizancourtois ont donc été totalement invalidés par les Sages. Dans ses résultats officiels, le Ministère de l'Intérieur a ainsi recensé 27 votes nuls sur la commune.
S'il regrette cette décision, le maire du village se retrouve surtout face à un problème épineux en vue des législatives, les 12 et 19 juin prochain, pour lesquelles la mairie ne sera toujours pas disponible : doit-il maintenir l'organisation du scrutin dans l'église, au risque de voir celui-ci annulé une nouvelle fois ?
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