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"Sois un homme!": au procès Daval, la mère d'Alexia interpelle directement Jonathann

Isabelle et Jean-Pierre Fouillot à leur arrivée au tribunal de Vesoul, le 18 novembre 2020. - Sébastien Bozon
Isabelle et Jean-Pierre Fouillot à leur arrivée au tribunal de Vesoul, le 18 novembre 2020. - Sébastien Bozon

Face à ce témoignage, Jonathann Daval a gardé la tête baissée, les yeux fixés au sol et a fini par verser quelques larmes. Isabelle Fouillot a pris la parole ce mercredi après-midi devant la cour d'assises de Haute-Saône qui juge son ancien gendre pour le meurtre de sa fille Alexia. Sa déposition était un moment très attendu dans ce procès alors qu'à deux reprises pendant l'enquête, c'est face à elle que Jonathann Daval a avoué ses crimes.

Après son mari Jean-Pierre Fouillot ce matin, cette prise de parole d'Isabelle Fouillot était avant tout synonyme d'hommage à Alexia.

"Je suis là pour Alexia pour défendre sa mémoire, a débuté la mère de la victime. Plus le temps passe plus elle nous manque. Rien ne peut enlever cette douleur. Je suis là pour rétablir la personne qu’elle était."

"Alexia, c'était tout sauf ça"

Les mots d'Isabelle Fouillot sont une réponse à ceux prononcés par les avocats de la défense qui ont à plusieurs reprises affirmé qu'Alexia Fouillot avait, pendant des mois, humilié son mari et avaient évoqué une personnalité dominatrice de la victime.

"On a appris que Jonathann était le meurtrier en direct à la télévision et je vois un avocat qui dit qu’elle était écrasante, déplore avec émotion Isabelle Fouillot. Et cette idée que c’était la faute d’Alexia perdure pour la défense. Mais Alexia, c’était tout sauf ça."

Alexia Fouillot est alors décrite comme une femme aimante, qui est tombée amoureuse à l'âge de 16 ans de celui qu'elle épousera des années plus tard. Sa mère a retrouvé une carte que sa fille avait envoyée à Jonathann Daval pour la Saint-Valentin. Elle confiait tout son amour à celui qu'elle appelle "mon confident", "mon amant". "Tu m'es indispensable", lui disait-elle encore.

Avant de conclure de ces mots, qui ont résonné douloureusement dans cette salle de cour d'assises: "Si tu m’aimes, prends soin de moi."

Pour Isabelle Fouillot, vient alors le temps des questions. Parfois elle s'exprime d'une voix tremblante, parfois elle pleure, mais la mère d'Alexia se fait toujours entendre. Pourquoi Jonathann Daval a tué sa fille? Pourquoi n'a-t-il pas appelé les secours le soir du drame? Pourquoi a-t-il inventé une version dans laquelle il mettait en cause son ancien beau-frère Grégory Gay et ses anciens beaux-parents pour le meurtre d'Alexia? Isabelle Fouillot dit avoir reçu ces accusations comme des "coups de poignard".

"Si tu nous as aimés, comment as-tu pu dire ça?, lui demande Isabelle Fouillot. De gros mensonges comme ça? As-tu inventé ça tout seul? C’est malveillant. On a massacré ma fille et on massacre notre famille!"

"Sois un homme"

Isabelle Fouillot a fini par craquer en s'adressant directement à Jonathann Daval, alors que le président de la cour d'assises de Haute-Saône lui avait intimé de ne pas le faire. "Je ne supporte plus ce que tu fais depuis trois ans", lui dit-elle. La mère d'Alexia Fouillot avance alors deux hypothèses pour expliquer le meurtre de son enfant. "Ma première hypothèse, c’est qu’Alexia voulait te faire revenir vers elle et elle n’y arrivait pas, dit-elle. Elle voulait un enfant. On divorce quand ça va pas."

"Ma deuxième, c’est que l’enfant, c’est toi. Tu n’assumes pas. Tu ne peux pas t’occuper d’un autre enfant. Tu jouais le veuf éploré et tu nous gardais, tu devenais notre fils", déplore Isabelle Fouillot.

Car pour la mère de la victime, il ne fait aucun doute que si Jonathann Daval a tué son épouse puis tenté de masquer son crime, c'était uniquement pour ne pas perdre sa belle-famille. Alors une dernière fois, Isabelle Fouillot, qui ne sait plus si elle peut "croire ce que Jonathann va dire", se tourne vers lui et l'implore de dire la vérité.

"Sois un homme! Prends tes responsabilités car nous on souffre. Tu as tout détruit, moi je veux juste la vérité."

Article original publié sur BFMTV.com