Soirées d'intégration étudiantes: une étude dénonce "l'omniprésence" des violences sexistes et sexuelles
Un étudiant sur trois a été victime ou témoin d'au moins une violence sexiste ou sexuelle lors d'événements d'intégration, selon une enquête.
À chaque rentrée, le même constat. Un tiers des étudiants a été victime ou témoin d'au moins une violence sexiste ou sexuelle lors d'un week-end, une soirée festive ou d'un événement sportif d'intégration, selon une enquête qui dénonce "l'omniprésence" de ces faits.
L'Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes (VSS) dans l'enseignement supérieur qui dit avoir interrogé 3.990 étudiants ayant intégré une école ou une faculté entre 2022 et 2024, affirme que 37,1% des étudiants ont été victimes ou témoins d'au moins une forme de violence lors d'événements d'intégration dans le supérieur.
En avril 2023, ce même Observatoire pointait déjà dans un baromètre le fait que "59% des viols commis" en milieu étudiant "le sont au cours d'un événement festif".
Cette fois, l'enquête "révèle l'omniprésence des violences et des discriminations, particulièrement des violences sexistes et sexuelles et du bizutage lors de ces événements clés de l'expérience étudiante", dit Gaëlle Berton, présidente de l'Observatoire.
Quelque 23,5% des étudiants interrogés ont été victimes ou témoins d'exhibition sexuelle, un étudiant sur 10 a été victime d'outrage sexiste et un étudiant sur 20 a été victime d'agression sexuelle. La plupart de ces incidents se produisent lors de soirées festives ou de week-ends d'intégration: une victime d'agression sexuelle sur six a été agressée la première semaine de sa première année d'étude, poursuit l'enquête.
Alcool, hiérarchie et manque de prévention
Mais à peine 5% des témoins ou victimes ont signalé les faits à leur établissement par la suite. Plus de la moitié (56,1%) des étudiants interrogés estiment également que ces événements peuvent aggraver les violences sexistes et sexuelles. Les principales causes identifiées incluent la consommation excessive d'alcool (citée par 49,5% des étudiants) et la hiérarchie entre les nouvelles et anciennes promotions, souvent marquée par des pratiques de bizutage (17,7%).
Quelque 11% des étudiants interrogés ayant participé à des événements d'intégration déclarent avoir subi du bizutage. "Notre enquête démontre le manque de prévention de ces violences, l'insuffisance des dispositifs mis en place pour les victimes, et l'absence quasi-totale d'accompagnement et d'encadrement de ces événements de la part des établissements", affirme Gaëlle Berton.
Les conférences de prévention ou sensibilisation reçoivent également des retours négatifs: 30,2% des étudiants interrogés les jugent inefficaces, alors que 11,6% ne savent pas les évaluer. Depuis 2020, les cellules de veille et d'écoute sont obligatoires sur les lieux d'études.
L'Observatoire formule ainsi dix recommandations "pour transformer l'intégration en un processus plus sain et inclusif", parmi lesquelles la mobilisation de moyens humains et financiers pour lutter contre les VSS, le bizutage ou la sensibilisation à ces problématiques toute l'année.