Socle

Dans une campagne publicitaire, une brochette de Britanniques célèbres comme John Cleese, Bob Hoskins, Joanna Lumley, Stephen Hawking ou Tony Blair faisaient l’éloge de leurs instituteurs, sans lesquels ils n’auraient pas été ce qu’ils sont devenus : «Personne n’oublie un bon prof», disait la pub.

Cet éloge justifié est vrai des deux côtés de la Manche. Mais en France, le malaise des profs aussi vieux que leur métier s’aggrave et casse les vocations. La preuve par les chiffres : dans un pays au chômage élevé y compris parmi les jeunes diplômés, le ministère de l’Education nationale n’arrive pas à recruter les enseignants dont il a besoin. Certaines filières, maths, langues vivantes, apparaissent en déficit chronique, obligeant le ministère à embaucher par petites annonces, à Pôle Emploi ou sur le Boncoin.fr.

Ce déficit de prof témoigne du désintérêt et des doutes d’une société pour son école, qui fut le socle de la République. Déjà, Nicolas Sarkozy et ses ministres avaient multiplié les coupes claires dans les effectifs, et, plus grave encore, la formation des enseignants. Dans une société de marché où la rémunération fait figure d’évaluation sociale, les salaires relativement faibles des jeunes enseignants signent aussi le déclin de leur image. Mais les profs et leurs représentants, d’autant plus arc-boutés sur leurs avantages qu’ils sentent leur métier menacé, sont aussi responsables de cette crise de vocation. Alors que, comme pour toutes les professions, Internet transforme radicalement la manière d’enseigner ainsi que le rapport aux maîtres et aux clercs.

A la communauté éducative - de la ministre aux profs, de la maternelle aux prépas en passant par leurs syndicats - de refonder son métier.



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L'essentiel
«Les perspectives d’évolution sont quasi nulles»
«La confiance entre parents et professeurs n’existe plus»
«C’est un challenge au quotidien»
Le bureau bien encombré de Najat Vallaud-Belkacem