SNU obligatoire : Sarah El Haïry contredite par le site du SNU
POLITIQUE - « À aucun moment le président n’a dit, n’a exprimé, l’idée qu’il soit obligatoire ». Invitée de Dimanche en politique sur France 3 Centre-Val-de-Loire ce dimanche 30 avril, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse Sarah El Haïry a soutenu mordicus qu’Emmanuel Macron n’avait jamais envisagé que le Service national universel (ou SNU) devienne un jour obligatoire.
La ministre échangeait alors avec Noé Petit, militant des Jeunes écologistes, qui s’oppose au SNU en raison notamment des souhaits de généralisation évoqués à plusieurs reprises par l’exécutif.
« Ce qui me gêne particulièrement avec le SNU, c’est que vous n’assumez pas que ce soit un service militaire. Pourtant, quand Emmanuel Macron a voulu le rendre obligatoire – et il a reculé à cause des contestations sociales –, ce projet rentrait dans la loi de programmation militaire, donc ça rentre dans la stratégie militaire française », a affirmé le militant, en référence aux différentes pistes évoquées dans la presse à ce sujet.
Service national universel : « à aucun moment, le Président de la République n’a exprimé l’idée qu’il soit obligato… https://t.co/177zLtUJ2K
— France 3 Centre-Val de Loire (@F3Centre) Voir le tweet
« Vous vous opposez à un fantasme », a rétorqué Sarah El Haïry, en martelant que le SNU, qui se fait pour le moment sur la base du volontariat, n’a pas vocation à devenir obligatoire. Pourtant, comme l’ont repéré nos confrères de la rubrique Checknews de Libération ce lundi 1er mai, Emmanuel Macron lui-même avait exprimé cette ambition lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2017.
En reste d’ailleurs le tweet, particulièrement clair, visible ci-dessous :
J'instaurerai un service national de durée courte, obligatoire et universel. #MacronDéfense https://t.co/nadVgBNb6r
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) Voir le tweet
Phase obligatoire
Si cette déclaration peut sembler dater, Sarah El Haïry (qui a la charge de ce dossier) est également démentie par le site du SNU, sur lequel on peut lire que « le séjour de cohésion (phase 1) et la réalisation d’une mission d’intérêt général (phase 2) prévus dans le cadre du SNU ont vocation à devenir obligatoires pour l’ensemble d’une classe d’âge ». Ce qui apparaît donc en totale contradiction avec ce qu’affirmait la ministre en plateau.
« Le SNU, une fois généralisé à l’ensemble d’une classe d’âge, est prévu pour se dérouler en trois temps : la première phase consiste en un ’séjour de cohésion’ en hébergement collectif d’une durée de deux semaines, et durant les deux phases suivantes, la seconde obligatoire et la troisième facultative, le jeune doit s’engager auprès d’une association ou d’une institution publique », détaillait en outre début mars un rapport sénatorial sur ce dispositif controversé.
Par ailleurs, dans une note interne révélée par franceinfo au mois de mars, on apprenait que le gouvernement envisageait de rendre le SNU obligatoire dans six départements durant l’année 2024, avant d’étendre l’expérimentation à tout le territoire.
Résultat : les opposants au SNU ne manquent pas de s’engouffrer dans la brèche, à l’image du député insoumis de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud. « Une recherche de 10 secondes sur Google suffit pour confirmer que Macron avait pour projet de rendre le SNU obligatoire. C’est encore écrit sur le site officiel du SNU ! », a taclé sur Twitter l’élu de Seine-Saint-Denis, dénonçant les « mensonges invraisemblables » de la ministre El Haïry.
À voir également sur Le HuffPost :
SNU : deux gradés accusés de harcèlement et de racisme, une enquête interne lancée
Le SNU obligatoire enterré ? La jeunesse crie victoire, ces macronistes temporisent