Le SNU menacé ? Le gouvernement ne veut pas sa suppression, malgré les votes du Parlement
Les députés et sénateurs ont supprimé, dans leurs commissions respectives, le dispositif cher à Emmanuel Macron dans le budget de l’État.
Il faut sauver le soldat SNU. Le gouvernement assure ce jeudi 31 octobre vouloir poursuivre l’expérimentation du Service national universel. Un dispositif cher au président Emmanuel Macron mais dont la suppression pure et simple a été votée en commission à l’Assemblée nationale et au Sénat.
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L’exécutif « ne souhaite pas supprimer le service national universel », a ainsi expliqué la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors du traditionnel compte rendu du Conseil des ministres, mais « la situation financière telle qu’elle est aujourd’hui ne permet pas la généralisation », a-t-elle reconnu.
EN DIRECT | Compte rendu du Conseil des ministres du 31 octobre 2024.https://t.co/9e7ESQugqd
— Gouvernement (@gouvernementFR) October 31, 2024
Et d’ajouter : « Il y a probablement nécessité de réinterroger le dispositif tel qu’il est conçu aujourd’hui. Il y a une partie du dispositif qui fonctionne très bien, d’autres qui peuvent peut-être être remis sur la table ». Or, pour prolonger l’expérimentation, le gouvernement, qui à plusieurs occasions devant lui pour reprendre la main sur son budget, n’aura pas d’autre choix que d’aller contre la volonté de la majorité des parlementaires.
Quand le Parlement supprime le SNU
Les deux chambres du Parlement ont en effet voté simultanément mercredi dans leurs commissions des Finances respectives la suppression du SNU dans le budget de l’État, s’accordant, malgré des majorités différentes, sur sa disparition.
« Il est temps d’abandonner » ce « gadget présidentiel » qui « ne marche pas » et « coûte cher », a jugé le député écologiste Jean-Claude Raux, rejoint par le socialiste Pierrick Courbon pour qui cette « hérésie budgétaire » a « raté sa cible ». « Après cinq ans d’expérimentation, il n’apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante (...) pour justifier la poursuite de son déploiement », a estimé de son côté le sénateur socialiste Éric Jeansannetas dans son rapport présenté mercredi en commission - réunie à huis clos et consulté par l’AFP.
Ce dispositif lancé en 2019 par Emmanuel Macron qui en avait personnellement défendu les principes pendant sa campagne, a été repris par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Il avait promis de le généraliser en 2026 aux 15-17 ans, malgré les nombreuses critiques dans la sphère politique ou le monde de l’éducation.
Pour rappel, le SNU comporte une « mission d’intérêt général » et un « séjour de cohésion » comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la « levée des couleurs » (drapeau et hymne national) et port de l’uniforme.
Un dispositif critiqué de longue date
Mais si l’objectif initial était d’attirer 66.000 volontaires en 2025 (après 80 000 en 2024), seuls 35 700 jeunes s’étaient inscrits dans l’immédiat, a rapporté Gil Avérous, le ministre des Sports mercredi devant le Sénat. Et les crédits alloués par le gouvernement sont passés de 130 à 80 millions d’euros en raison du coup de rabot budgétaire. Interrogé, l’entourage d’Emmanuel Macron a temporisé, en renvoyant à la position officielle du gouvernement « qui dit qu’il maintient les crédits et va évaluer » le dispositif.
En réalité, les causes du désamour pour le SNU sont profondes et ont plusieurs origines, le coût n’étant pas le moindre en période de disette budgétaire. Selon la Cour des comptes, dans un rapport publié en septembre, si le dispositif venait à être généralisé à une classe d’âge (environ 850 000 jeunes par an), son coût pourrait représenter entre 3,5 et 5 milliards d’euros.
Mais les Sages, rejoignant le concert des critiques notamment à gauche sur ce dispositif, avaient également déploré qu’en « matière de mixité sociale comme d’engagement, les ambitions du dispositif ne (soient) pas atteintes ». Autant d’arguments qui ne manqueront pas de revenir dans le débat si le gouvernement, comme il le laisse entendre, réintroduit le SNU dans son budget.
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