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Skripal: Expulsés, 23 diplomates russes quittent Londres

par Guy Faulconbridge et Andrew Osborn

LONDRES (Reuters) - Vingt-trois diplomates russes expulsés du Royaume-Uni ont quitté Londres pour la Russie mardi à bord d'un avion Iliouchine-96, nouvelle étape dans l'affaire de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal au début du mois à Salisbury, dans le sud de l'Angleterre.

Venu spécialement de Moscou, l'avion, qui transporte également les familles des diplomates, a quitté l'aéroport londonien de Stansted dans l'après-midi.

La Première ministre britannique Theresa May, appuyée par ses alliés occidentaux, accuse la Russie d'être responsable de l'empoisonnement par un agent neurotoxique, le 4 mars, de Sergueï Skripal, 66 ans, et de sa fille Ioulia, 33 ans.

L'ancien agent double et sa fille sont toujours hospitalisés dans un état critique.

La Russie dément toute implication dans cette affaire et a exigé que les Britanniques présentent leurs preuves ou fassent des excuses. Elle a décidé d'expulser 23 diplomates britanniques et de fermer les bureaux du British Council sur son territoire.

Le ministère russe des Affaires étrangères a invité les ambassadeurs en poste à Moscou à rencontrer mercredi des experts du contrôle des armements pour parler de l'affaire Skripal, rapporte l'agence Tass.

Un scientifique russe qui dit avoir participé à l'époque soviétique à la conception de l'agent toxique Novitchok, mis en cause dans l'empoisonnement de Skripal et de sa fille, doute que la Russie soit à l'origine de cette opération.

Interrogé par l'agence de presse russe RIA, le professeur Leonid Rink, en reconnaissant l'existence du programme Novitchok, contredit les autorités russes, qui affirment que ce programme n'a jamais existé.

"NOMBREUX MOIS D'ENQUÊTE"

Mais il repousse aussi les accusations britanniques en soutenant que si Moscou avait voulu tuer Skripal et sa fille en utilisant ce poison, ceux-ci auraient immédiatement succombé.

Des experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont commencé lundi, à la demande de Theresa May, leur enquête sur cet empoisonnement.

Les investigations pourraient prendre de "nombreux mois" en raison de son extrême complexité, a dit la police britannique.

Lors d'une réunion mardi à Genève dans le cadre de la conférence du désarmement de l'Onu, Russes et Occidentaux ont vivement exposé leurs déscaccords sur cette affaire.

Les Britanniques ont accusé Moscou de diffuser des "demi-vérités et des demi-mensonges", tandis que les Russes soulignaient que Londres n'apportait aucune preuve pour appuyer ses accusations et refusait leur offre d'assistance.

"Nous notons que même le dirigeant du Parti travailliste (britannique) Jeremy Corbyn, qui avait demandé que le Parlement soit associé à l'enquête, a essuyé un refus du gouvernement. Inutile d'en dire plus", a lancé l'un des représentants de la Russie, Denis Davidov.

Vendredi dernier, Jeremy Corbyn a déclaré que Londres ne devait pas provoquer une nouvelle Guerre froide avec Moscou avant d'avoir la preuve de l'implication de la Russie dans l'empoisonnement de Skripal.

"Devancer les preuves que la police réunit dans un climat aussi enfiévré ne sert ni la justice ni notre sécurité nationale", a estimé le chef du Labour.

(Avec Toby Melville, Tom Miles à Genève; Danielle Rouquié et Guy Kerivel pour le service français)