La Ghouta toujours bombardée avant un vote à l'Onu

par Ellen Francis et Michelle Nichols

BEYROUTH/NATIONS UNIES (Reuters) - L'enclave rebelle de la Ghouta orientale, zone rurale densément peuplée à l'est de Damas, a à nouveau été bombardée vendredi, pour le sixième jour consécutif, avant un vote aux Nations unies sur la mise en place d'un cessez-le-feu de 30 jours.

Dans le cadre de l'un des assauts aériens les plus violents en sept ans de guerre civile, la Ghouta orientale, dernier bastion rebelle près de la capitale, subit des raids incessants depuis dimanche.

Le nombre de victimes civiles et les dégâts causés constituent un des moments de la guerre civile syrienne les plus terribles depuis la reprise par le gouvernement des parties d'Alep tenue par les rebelles en 2016.

Au total, pas moins de 462 personnes, dont une centaine d'enfants, ont été tuées et plusieurs centaines ont été blessées, selon un décompte établi par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Pour faire cesser cette tragédie, une résolution est en cours de négociation au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu'un cessez-le-feu soit voté. Les blessés pourront ainsi être évacués et l'aide humanitaire devrait pouvoir passer.

Tous les yeux sont tournés vers la Russie, alliée du président syrien Bachar al Assad, dont un veto, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, empêcherait le texte de pouvoir être voté.

Le vote, prévu à 11h00 du matin (16h00 GMT) au siège de l'Onu à New York, a été reporté à la fin de la journée, compte tenu des négociations en cours tous azimuts.

Les dix membres non permanents du Conseil de sécurité ont dit vouloir voter la résolution vendredi.

Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont écrit au président russe, Vladimir Poutine, pour lui demander de contribuer à l'adoption du texte.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré vendredi vouloir des garanties pour que les combattants rebelles de la Ghouta ne tirent pas sur les zones résidentielles de Damas.

Leurs tirs ont pour l'instant fait un mort et 58 blessés selon les médias syriens.

De leur côté, les organisations caritatives ont déclaré que les avions de guerre avaient frappé une douzaine d'hôpitaux dans la zone, les rendant de ce fait incapables de soigner les blessés.

L'OSDH, basée à Londres, a précisé que des avions de chasse gouvernementaux ainsi que des unités d'artillerie avaient frappé les localités de Douma, Zamalka et d'autres aux premières heures du jour, ce vendredi.

Interrogé par téléphone, un témoin résidant à Douma a dit que le bombardement subi par la ville ce matin était le plus violent depuis le début de la semaine.

La Défense civile de la Ghouta orientale a pour sa part déclaré que ses équipes de secours s'étaient précipitées dans les villes de Hammouriyeh et Sakba pour aider les blessés touchés par les bombes.

Cette organisation, présente dans les zones aux mains des rebelles, a dit avoir déjà secouru au cours des derniers jours des centaines de personnes prises sous les gravats.

L'émissaire de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a estimé qu'il fallait un cessez-le-feu de toute urgence pour mettre un terme au bombardement "atroce" de la Ghouta orientale ainsi qu'aux tirs de mortier aveugles sur Damas.

La région, qui abrite quelque 400.000 habitants, est l'une des zones de désescalade définies par la Russie, l'Iran et la Turquie pour favoriser des trêves localisées en Syrie, mais les combats n'y ont jamais cessé.

Les rebelles de la Ghouta déclarent que la présence dans le secteur d'un petit groupe de combattants de l'ex-Front al Nosra, ancienne branche syrienne d'Al Qaïda, sert constamment de prétexte à Damas et Moscou pour assiéger et bombarder l'enclave.

(Arthur Connan, Benoît Vanoverstraeten et Danielle Rouquié pour le service français)