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Six dirigeants de la FIFA arrêtés à Zurich

Six responsables du monde du football, soupçonnés de faits de corruption à la Fédération internationale de football (FIFA), ont été arrêtés mercredi à l'hôtel Baur au Lac de Zurich, et placés en détention dans l'attente de leur extradition vers les Etats-Unis. /Photo prise le 27 mai 2015/REUTERS/Arnd Wiegmann

par Mike Collett et Brian Homewood ZURICH (Reuters) - Six responsables du monde du football, dont certains dirigeants de la Fédération internationale de football (FIFA), ont été arrêtés mercredi par la police suisse et placés en détention dans l'attente de leur extradition vers les Etats-Unis, a annoncé l'Office fédéral de la justice (OFJ) suisse. Selon le New York Times qui a révélé l'information, une dizaine de policiers en civil sont arrivés mercredi à l'aube à l'hôtel Baur au Lac de Zurich où résident les responsables de la FIFA, qui tient congrès cette semaine et doit élire son président vendredi. Dans son communiqué, l'OFJ, qui ne précise pas l'identité des personnes arrêtées, indique que les autorités américaines les soupçonnent "d'avoir accepté des dessous-de-table d'un montant de plusieurs millions". Le président de la FIFA Sepp Blatter ne figure pas parmi les personnes arrêtées, indique l'OFJ. Le parquet du district Est de New York, qui dirige l'enquête, soupçonne les personnes arrêtées "d'avoir accepté des pots-de-vin et des commissions du début des années 90 à ce jour", indique encore l'OFJ. "Des représentants des médias et du marketing sportif seraient impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d'organisations footballistiques (délégués de la Fédération internationale de football association FIFA et fonctionnaires d'organisations affiliées) en échange des droits médiatiques et des droits de marketing et de sponsoring de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud", ajoute le communiqué. "CELA RESSEMBLE À DE LA CORRUPTION INSTITUTIONNALISÉE" Les versements représenteraient plus de 100 millions de dollars, indique l'OFJ. Selon le New York Times, plus de dix responsables devraient au total être inculpés, mais tous ne sont pas à Zurich, précise le New York Times. La plupart des responsables se trouvent en Suisse pour le Congrès de la FIFA où Sepp Blatter, à la tête de la puissante fédération depuis 1998, briguera un cinquième mandat vendredi face à son challenger, le prince jordanien, Ali Bin Al Hussein. La FIFA n'a pas fait de commentaire sur ces arrestations. Il s'agit d'un nouveau coup porté à la crédibilité de la FIFA, qui a été accusée de pratiques répréhensibles concernant les processus d'attribution des coupes du monde de football 2018 et 2022, respectivement attribuées au Qatar et à la Russie. Selon le New York Times, une dizaines de policiers en civil sont arrivés à l'hôtel à l'aube, ont pris les clés à la réception et sont montés dans les chambres. Un des responsable de la FIFA a été conduit hors de sa chambre vers une porte de sortie latérale de l'hôtel, précise le quotidien américain, qui précise que des responsables du puissant comité exécutif de la FIFA sont visés. "Nous sommes frappés par la durée sur laquelle se sont produits les faits et sur le fait que cela concernait pratiquement tous les domaines d'activité de la FIFA", a déclaré un responsable judiciaire au NY Times. "On dirait que cela a infiltré chaque élément de la fédération et que c'était tout simplement leur façon de travailler. Cela ressemble à de la corruption institutionnalisée." Selon le NYT, l'essentiel de l'enquête porte sur la région Concacaf (Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes), qui regroupe les fédérations de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes. L'ancien patron de la Concacaf, le Trinidadien Jack Warner, a régulièrement fait l'objet d'accusations de corruption avant de démissionner en 2011, ce qui a mis fin aux investigations le concernant. Les inculpations devraient être rendues publiques ce mercredi lors d'une conférence de presse au bureau du procureur de Brooklyn, à New York, indique pour sa part le Wall Street Journal. La ministre américaine de la Justice Loretta Lynch devrait être présente, ainsi que le directeur de la police judiciaire fédérale (FBI) James Comey, précise le quotidien. Selon la demande d'arrestation américaine, l'entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines, ajoute le communiqué. Les suspects qui consentiront à leur extradition seront rapidement extradés, précise l'OFJ. Pour ceux qui s'y opposeront, une demande formelle devra être déposée par les Etats-Unis "dans le délai de 40 jours prévu par le traité d’extradition en vigueur entre les deux pays". (Avec Brian Homewood à Berne; Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)