«Quand on a la situation qu’ont les migrants, faut tout accepter»

La «nouvelle jungle» de Calais, le 3 avril 2015.

«Libération» s’est procuré un enregistrement qui révèle comment des gendarmes ont rabroué des clandestins venus porter plainte contre des policiers pour agression à Calais.

«Dans leur pays, ils oseraient dire que la police les a cognés ?» Cette phrase d’un gendarme de Norrent-Fontes (Pas-de-Calais) a laissé sans voix Clémence Gautier-Pongelard, la juriste de Plateforme de services aux migrants de Calais. Ce 24 juin 2014, elle accompagnait des exilés érythréens qui venaient déposer plainte pour coups et blessures contre la police et un chauffeur de camion. Elle a enregistré plusieurs minutes d’un dialogue édifiant, dont elle a livré l’enregistrement audio à Libération.

L’affaire commence à Norrent-Fontes, village en bordure de l’A26, près de la dernière aire d’autoroute avant Calais, dans la nuit du 22 au 23 juin. Ici, comme sur presque toutes les aires de la région qui mènent vers cette ville, chaque nuit, des migrants grimpent dans des poids lourds pour tenter de rejoindre l’Angleterre. Ceux qui échouent se font cueillir au port par les vigiles, par la police française ou par l’immigration britannique.

«Matraque». Cette nuit-là, la police - «ils avaient un uniforme bleu, sur lequel était écrit "police"», précisent des migrants - ouvre un camion, découvre une vingtaine d’hommes, de femmes et d’adolescents, et ça tourne mal. «Tout le monde est sorti, et j’étais le dernier, raconte Matias, 16 ans, au téléphone depuis l’Angleterre, où il a réussi à passer un mois plus tard dans un camion frigorifique. J’ai mis plus de temps que les autres à sortir. Alors, le chauffeur m’a frappé, plusieurs fois. Ma bouche et mon nez se sont mis à saigner. La police regardait et ne disait rien.» Un certificat médical confirme le nez tuméfié, le sang, la lèvre ouverte. Ermiyas, érythréen lui aussi, raconte la suite, dans un témoignage recueilli par un bénévole : «Ils nous ont fait asseoir. Deux camionnettes et deux ou trois autos de police sont arrivées. Les femmes sont montées (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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