Siemens scinde sa division de turbines en difficulté, vise une IPO

par John Revill

MUNICH (Reuters) - Siemens a annoncé mardi la scission, en vue d'une introduction en Bourse, de sa division Power & Gas, qui pèse sur ses performances en raison du ralentissement des commandes pour ses grandes turbines dans un secteur de la production d'énergie en pleine transition vers les sources renouvelables.

Le conglomérat allemand a déclaré que cette opération donnerait naissance à un "acteur majeur" dans le secteur de l'énergie avec un volume d'activités de 30 milliards d'euros et plus de 80.000 employés.

Cette division, qui regroupe les activités pétrolières et gazières de Siemens, la production d'électricité conventionnelle, le transport d'énergie et les services qui leur sont liés, va être séparée du reste du groupe en vue d'une introduction en Bourse d'ici septembre 2020.

En outre, Siemens prévoit de céder sa participation majoritaire, de 59%, dans Siemens Gamesa (SGRE), entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, à cette nouvelle entité scindée.

Le conglomérat allemand entend conserver une participation d'au moins 25% plus une action dans cette future entreprise.

Dimanche, Reuters avait rapporté que Siemens étudiait différentes options pour cette division Power & Gas, dont le bénéfice s'est effondré d'environ 75% à 377 millions d'euros en 2018 sur un chiffre d'affaires en recul de 19%.

Cette scission a été approuvée par le conseil de surveillance, réuni à la veille de la publication mercredi des résultats des trois premiers mois de 2019, deuxième trimestre de l'exercice décalé du groupe.

Avec cette opération, Siemens veut se concentrer sur ses activités de numérisation industrielle et d'infrastructures dites intelligentes. Il veut aussi réaliser 1,4 milliard d'euros d'économies d'ici 2021.

"C'est la bonne chose à faire. C'est nécessaire et courageux de provoquer les changements envisagés quand le groupe se porte bien", a dit le président du conglomérat, Jim Hagemann Snabe.

LES SYNDICATS APPROUVENT

Les syndicats ont aussi approuvé cette initiative, en jugeant que cette division Power & Gas s'en sortirait mieux en dehors du groupe et sans être fusionnée à une autre entreprise, alors que des sources avaient évoqué un mariage avec le japonais Mitsubishi Heavy Industries.

"Si cette unité était restée au sein de Siemens, les investissements auraient été encore réduits. On aurait littéralement laissé cette activité mourir à petit feu", a réagi Birgit Steinborn, présidente du comité d'entreprise et vice-présidente du groupe, dans un communiqué.

"Avec le projet d'introduction en Bourse en Allemagne, la cogestion va être préservée et Siemens reste engagé sur le maintien des emplois en Allemagne et en Europe. Dans une coentreprise, par exemple avec un concurrent japonais, nous l'aurions perçu comme un grand risque", a-t-elle ajouté.

Le président du directoire, Joe Kaeser, a engagé une stratégie de simplification des activités du groupe allemand en les séparant pour constituer, selon ses termes, une "flotte de bateaux" évoluant chacun selon leur dynamique propre. L'objectif est de leur permettre de lever des fonds en vue de faire des acquisitions ou des investissements mais aussi de faire ressortir leur valeur intrinsèque et ainsi réduire la "décote de conglomérat" qui pèse sur la valorisation boursière de Siemens.

Le conglomérat a notamment introduit en Bourse sa division dédiée à la santé Healthineers l'an dernier.

Joe Kaeser a aussi tenté de rapprocher la division Siemens Mobility du français Alstom mais ce projet de mariage dans le ferroviaire a été bloqué en février par la Commission européenne, inquiète de son impact sur la concurrence.

Plusieurs analystes prédisent que l'industriel allemand optera à la place pour une introduction en Bourse de cette division.

Joe Kaeser a déclaré mardi que Siemens disposait de nombreuses options et de beaucoup de temps avant de prendre une décision pour cet actif.

(Catherine Mallebay-Vacqueur et Bertrand Boucey pour le service français)