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Siemens améliore ses profits industriels, scinde le pôle énergie

par John Revill

MUNICH (Reuters) - Siemens ravit les investisseurs mercredi avec l'annonce de la scission de son pôle énergie, en difficulté, et des résultats trimestriels nettement supérieurs aux attentes dans ses activités industrielles.

Le conglomérat allemand a fait savoir mardi soir qu'il scinderait le pôle qui fabrique notamment les grandes turbines de production d'électricité, durement affecté par la transition vers les renouvelables, et qu'il y transférerait les 59% qu'il détient dans la coentreprise espagnole Siemens Gamesa Renewable Energy, afin de créer un "acteur majeur" de l'énergie.

Le groupe vise un milliard d'euros d'économies d'ici 2023 dans cette division remaniée qu'il souhaite introduire en Bourse en septembre 2020. Selon une présentation aux analystes, ce milliard inclut 500 millions d’euros que Siemens a déjà économisés en supprimant des emplois dans le pôle énergie.

Siemens prévoit de diminuer ses coûts en réduisant les fonctions administratives, en redimensionnant et en allégeant la structure dans les régions. Il n'a pas chiffré les éventuelles suppressions de postes.

"La scission de la division Gaz et Electricité annoncée pour 2020 et les objectifs d'économies et de rentabilité annoncés sont les mesures que nous réclamons depuis longtemps pour rendre Siemens plus compétitif", a commenté le gérant de fonds Christoph Niesel, de Union Investment.

"STABILISER"

Le président du directoire de Siemens, Joe Kaeser, a souligné que cette restructuration permettrait de renforcer les autres activités du groupe.

"Il s'agit de développer davantage une société en pleine mutation", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Notre priorité absolue est de stabiliser une entreprise solide et forte dans son noyau. De nombreuses entreprises rêvent d'être dans la situation où se trouve Siemens."

Avec la réorganisation, Siemens veut augmenter la marge bénéficiaire de son activité industrielle de 14% à 18%, contre un objectif de 11% à 15% jusqu'ici.

A la Bourse de Francfort, l'action Siemens s'adjugeait plus de 4% en milieu de journée après toutes ces annonces.

"Nous soutenons depuis un certain temps que Siemens devait devenir et deviendrait plus simple", a commenté Jefferies, en ajoutant que la scission était un pas important dans la bonne direction.

L'intermédiaire a en outre noté que les résultats du deuxième trimestre du groupe étaient de 9% supérieurs aux attentes au niveau des activités industrielles.

JPMorgan, qui a parlé d'annonces "positives" et de résultats "solides", a néanmoins jugé surprenant que Siemens maintienne une perspective "relativement optimiste" pour ses activités industrielles à cycle court étant donné la faiblesse des commandes.

"PROMESSES TENUES"

Au titre de son deuxième trimestre, à fin mars, Siemens a fait progresser son bénéfice industriel de 7% à 2,4 milliards d’euros alors que le consensus Infront était de 2,24 milliards, le conglomérat ayant commencé à se séparer de ses activités en difficulté.

Le chiffre d'affaires a progressé de 4% à 20,94 milliards d'euros, en phase avec les attentes, tandis que les commandes ont augmenté de 6% à 23,61 milliards d'euros.

"Nous avons tenu nos promesses à nouveau ce trimestre et avons même dépassé les attentes dans de nombreux domaines", a déclaré Joe Kaeser. "Nous entrons maintenant dans une nouvelle ère pour devenir un Siemens encore plus fort et plus concentré."

Siemens a confirmé ses perspectives pour l'exercice 2019. Il prévoit une marge bénéficiaire de 11% à 12% pour ses activités industrielles et un bénéfice par action entre 6,30 et 7,00 euros.

Joe Kaeser n'a pas souhaité détailler la façon dont le groupe gérerait ses activités ferroviaires après sa tentative de fusion avec le français Alstom, rejetée par les autorités européennes de la concurrence.

Siemens serait plutôt concentré sur d'autres secteurs de l'entreprise, a-t-il déclaré.

Dans le pôle énergie, le chiffre d’affaires a baissé de 4% au deuxième trimestre mais le bénéfice d’exploitation ajusté a remonté grâce à une forte contribution des services.

Siemens a nommé Klaus Patzak, ancien directeur financier d'Osram et de Bilfinger, pour superviser la scission et la mise en Bourse. L'actuel directeur financier actuel de la division, Michael Becker, est maintenu dans ses fonctions et supervisera le volet opérationnel des activités.

A l'avenir, Siemens souhaite se concentrer sur son activité Digital Industries, qui fournit des logiciels industriels et des solutions d'automatisation pour la transition numérique des entreprises industrielles. Digital Factory, qui sera à la base de cette division, a vu son chiffre d'affaires trimestriel grimper de 4% mais son bénéfice d'exploitation a reculé, l'activité étant confrontée à une demande plus faible et à une tendance au tassement des investissements en Chine.

(Dominique Rodriguez pour le service français)