Siemens s'attend à une année de changements profonds

par Georgina Prodhan

MUNICH (Reuters) - Siemens a annoncé jeudi un bénéfice industriel en baisse de 10% au quatrième trimestre, soit bien plus que prévu, et s'attend à une année agitée avec la restructuration des segments turbines et éolien.

Le conglomérat industriel allemand entreprend de maigrir afin de se transformer en un spécialiste des logiciels industriels. A cette fin, il compte introduire en Bourse son pôle santé et reloger ses actifs dans le rail et l'éolien au sein de coentreprises.

Ses résultats ont été plombés par les turbines à gaz, devenues impopulaires dans un monde qui évolue vers les énergies renouvelables et par les revers de sa coentreprise éolienne Siemens Gamesa.

Le bénéfice industriel est ressorti à 2,2 milliards d'euros sur le trimestre clos au 30 septembre, inférieur à la prévision la plus basse des analystes interrogés par Reuters, qui tablaient en moyenne sur 2,49 milliards d'euros.

"Nous devons nous attaquer aux difficultés structurelles de certaines activités", a déclaré le président du directoire Joe Kaeser, dans un communiqué. "Nous avons beaucoup de travail à faire au cours de l'exercice fiscal 2018", a-t-il ajouté.

"Nous avons compris que les conglomérats à l'ancienne n'ont aucun avenir", a-t-il dit par la suite en conférence de presse.

L'action perdait 1,62% vers 10h30 GMT en Bourse de Francfort, alors que l'indice Dax ne cédait que 0,12% dans le même temps, restant proche de ses records.

Siemens projette une marge bénéficiaire industrielle stable de 11% à 12% en 2018, hors charges de licenciement que le directeur financier annonce "importantes", et une croissance modérée du chiffre d'affaires.

Le CA a augmenté de 1% au quatrième trimestre, à 22,3 milliards d'euros, tandis que les commandes ont progressé de 16% à 23,7 milliards d'euros.

Le bénéfice de la division Power and Gas, la plus importante du conglomérat après la division Santé, a plongé de 40% à 303 millions d'euros, dans un contexte de surcapacités et de baisse des prix.

Une cinquantaine de salariés et de syndicalistes manifestaient devant le siège social de Siemens, dans le centre de Munich, contre d'éventuels licenciements dont ils n'ont été informés, disent-ils, que par les médias.

"Bien sûr qu'il faut faire quelque chose, nous ne le contestons pas; mais nous accusons Siemens d'attendre que le problème prenne une telle ampleur que les licenciements secs s'imposent; nous ne sommes pas d'accord", a dit un porte-parole du syndicat d'IG Metall.

Siemens compte informer les syndicats de ses projets à l'occasion d'une première réunion qui se tiendra le 16 novembre.

Siemens va désormais se consacrer à Digital Factory, sa branche robotique, qui est numéro un de son secteur d'activité. La robotique industrielle connaît une forte croissance, notamment en Chine.

Dans ce domaine, Siemens fait face à la concurrence du suisse ABB, du français Schneider Electric et de l'américain Rockwell Automation, qui vient de rejeter une OPA hostile d'Emerson Electric.

Digital Factory a fait état d'une baisse inattendue de 3% de son bénéfice au quatrième trimestre, à 501 milions d'euros, grevé par ses investissements dans le développement de sa plate-forme logicielle MindSphere, par l'acquisition de Mentor Graphics pour 4,5 milliards de dollars et par le versement d'indemnités de licenciement.

L'année est de toute façon déjà riche en changements pour Siemens, qui a décidé d'introduire en Bourse au premier semestre 2018 sa filiale santé Healthineers, valorisée 40 milliards d'euros.

Il a également annoncé en septembre la fusion de ses activités ferroviaires avec celles du français Alstom.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)