Sicile: 450 migrants débarquent, 5 pays en prendront la moitié

Les derniers des 450 migrants récupérés ce week-end en Méditerranée par les navires italien Monte Sperone et britannique Protector ont débarqué lundi dans le port sicilien de Pozzallo, cinq pays européens ayant accepté d'en accueillir plus de la moitié à la demande du gouvernement italien. /Photo d'archives/REUTERS/Antonio Parrinello

ROME (Reuters) - Les derniers des 450 migrants récupérés ce week-end en Méditerranée par les navires italien Monte Sperone et britannique Protector ont débarqué lundi dans le port sicilien de Pozzallo, cinq pays européens ayant accepté d'en accueillir plus de la moitié à la demande du gouvernement italien.

Le Monte Sperone est un patrouilleur de la Guardia di Finanza, la police douanière et financière italienne, et le HMS Protector est un bâtiment de la Royal Navy opérant dans le cadre de la mission de Frontex, l'agence européenne chargée de la protection des frontières de l'UE.

Au moins huit passeurs présumés ont été remis à la police italienne et les procédures d'identification des migrants sont en cours à Pozzallo.

Cinq pays de l'Union européenne (Allemagne, France, Malte, Espagne et Portugal) ont accepté chacun de recevoir 50 de ces 450 migrants, qui avaient quitté la Libye vendredi.

"La fermeté et la cohérence finissent pas payer", s'est réjoui dimanche soir le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue qui fait partie du gouvernement de coalition avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et s'est plaint de voir son pays abandonné par ses partenaires européens face à l'afflux de migrants.

"Notre prochain objectif, c'est d'éradiquer toutes les mafias du trafic d'êtres humains et de reconduire les migrants à l'endroit d'où ils viennent", a-t-il ajouté. Pour le ministre italien de l'Intérieur, les ONG qui opèrent en Méditerranée se rendent complices de ces mafias.

La France a décidé d'accueillir 50 migrants "dans un esprit de solidarité européenne" et, comme ses partenaires, "a conditionné cet accueil au débarquement des personnes concernées en Italie, en application des règles internationales", a dit une source à la présidence française.

Cette action, comme celles décidées pour l'Aquarius et le Lifeline, deux navires humanitaires auxquels l'Italie avait refusé le droit d'accoster, s'"inscrit dans le cadre d'une solution coopérative européenne, conformément aux engagements et aux actions du président de la République", a ajouté la source.

Les situations individuelles seront examinées sur place par une mission de l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra).

Le refus du nouveau gouvernement italien de laisser accoster l'Aquarius et ses quelque 600 migrants en juin avait déclenché une crise politique en Europe, qui a débouché sur un accord des 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pour durcir leur réponse commune aux migrations.

Huit des 450 migrants, en raison de leur état de santé, avaient été autorisés à débarquer dès samedi sur l'île italienne de Lampedusa, entre la Sicile et la Tunisie. Dimanche, 27 femmes et enfants avaient pu débarquer à Pozzallo.

Matteo Salvini espère que les pays européens trouveront un moyen d'empêcher les migrants de quitter les côtes d'Afrique ou, sinon, qu'ils pourront renvoyer d'où ils viennent les bateaux qui les transportent, c'est-à-dire principalement des ports libyens.

Pour l'Union européenne et les Nations unies, la Libye n'est pas un pays sûr, ce qui devrait donc empêcher le renvoi de ces migrants.

Matteo Salvini insiste pourtant pour qu'ils soient renvoyés dans ce pays. "L'UE doit comprendre que c'est le seul moyen de sortir de ce tunnel", a-t-il déclaré dimanche à Moscou, où il s'est rendu pour assister à la finale de la Coupe du monde de football et rencontrer des responsables russes.

(Gavin Jones, avec Jean-Baptiste Vey à Paris ; Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)