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Shell sans-gêne

Ce qu’il y a de bien avec Shell, c’est qu’on ne peut pas l’accuser de greenwashing. Le géant britannique, dont les activités pétrolières et gazières contribuent au réchauffement de la planète, ne cherche pas à tout prix à nous faire croire qu’il est vert.

Cet été, il a annoncé qu’il ferait comme ses camarades du secteur : “il ne réduira plus sa production annuelle de pétrole et de gaz jusqu’à la fin de la décennie, notait en août dans The New York Times Jason Bordoff, expert en politique énergétique à l’université Columbia. L’entreprise a également distribué davantage de dividendes à ses actionnaires, des fonds qui auraient pu être utilisés pour développer des énergies propres.”

Car son argent, Shell ne le gaspille pas n’importe comment. C’est bien pour ça que l’entreprise estime dans le Financial Times qu’elle “et ses sous-traitants ont le droit de récupérer les sommes énormes engagées pour parer aux dangereuses actions de Greenpeace”. En début d’année, afin de dénoncer l’utilisation massive des hydrocarbures, six militants de l’ONG étaient montés – et restés plusieurs jours – à bord d’un navire transportant une plateforme de Shell destinée à agrandir un champ pétrogazier en Écosse.

Alors, pour être sûr de récupérer les frais occasionnés par l’opération des militants, Shell poursuit Greenpeace en justice. Et lui réclame la modique somme de 2,1 millions de dollars (1,93 million d’euros).

Le choix de l’adjectif “modique” n’est pas une figure de style. Du moins pas si on se place du point de vue du géant pétrolier (du point de vue de Greenpeace international, c’est une autre histoire). Le montant que Shell réclame représente à peine 0,005 % des 40 milliards de dollars de bénéfice net qu’il a dégagés en 2022. Et c’est seulement 0,8 % des 270 millions de dollars qu’il devrait investir dans les médias en 2023, note le Financial Times dans un autre article.

Par dépenses médiatiques, il faut comprendre “pub”. Cet argent ne sert pas qu’à inonder les écrans télé ou les journaux papiers. L’entreprise se veut moderne. “Shell embauche du personnel pour promouvoir des jeux en ligne, sponsorise des influenceurs pour qu’ils participent à des courses automobiles sur des circuits virtuels frappés du logo de la marque, et finance des athlètes pour qu’ils galvanisent la ‘prochaine génération’ sur Instagram, rapporte encore le quotidien financier. Ainsi, le géant pétrolier et gazier cherche à améliorer son image auprès de la nouvelle génération de consommateurs.”

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