Shein vs Temu : pourquoi les deux géants de l’ultra fast fashion s’écharpent au tribunal ?
Le 19 août dernier, Shein a porté plainte contre son rival Temu l’accusant de contrefaçon. Au royaume de l’ultra fast fashion, il n’y a visiblement qu’une place au soleil tant les coups sont rudes entre les deux géants chinois.
Quand on parle d’ultra fast fashion, les noms de Shein et Temu sont ceux qui reviennent le plus souvent tant ils cartonnent un peu partout dans le monde. La première, créée en 2008, a explosé pendant la crise du Covid au point de devenir en 2021 le site de mode le plus consulté au monde au nez et à la barbe d'enseignes bien installées comme Zara et H&M. La deuxième a émergé en 2022 et connaît depuis un succès étourdissant grâce à ses millions d’articles à très bas prix proposés en ligne.
Entre les deux géants chinois, on pourrait croire à un respect mutuel ou au moins une entente cordiale. La réalité est toute autre. Temu et Shein se livrent une guerre de tranchées où tous les coups ou presque sont permis. Le dernier épisode en date remonte à quelques jours avec une plainte déposée aux États-Unis le 19 août par Shein à l’encontre de son rival. La marque de vêtements à bas prix accuse Temu de copier ses articles. "Afin de promouvoir les versions contrefaites des produits Shein, Temu a reproduit des images protégées par le droit d'auteur pratiquement identiques des produits Shein", affirme le rouleau-compresseur de la fast fashion.
Premier épisode en décembre 2022
La démarche apparaît très osée quand on connaît le passif pas très reluisant de Shein. Le site chinois est en effet "très régulièrement accusé de pomper les designs d'autres marques, notamment ‘Dr. Martens, Ralph Lauren, Levi Strauss, Puma, Adidas et H&M’", rappelle Korii. "Les designs copiés par Temu pourraient donc avoir été eux-mêmes volés à d'autres par Shein", ajoute la verticale business et tech de Slate.fr. Ce n’est pas la première fois que les deux groupes chinois réputés pour leur prix défiant toute concurrence s’affrontent dans les tribunaux.
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Déjà en décembre 2022, Shein poursuivait le nouveau venu dans le paysage de la mode jetable pour violation de propriété intellectuelle. En 2023, au tour de Temu de mettre une pièce dans la machine en accusant son meilleur ennemi de "manœuvres dignes d'une organisation mafieuse pour contrecarrer son implantation aux États-Unis". Très remonté, Temu accuse Shein "d'intimidation et de séquestration de ses fournisseurs, dans l'objectif d'obtenir d'eux des contrats d’exclusivité".
Ces accusations à répétition n’aident pas les deux géants chinois à redorer leur blason auprès du grand public. Si Temu et Shein ont réussi à bousculer le marché du textile et celui du e-commerce en un temps record grâce à leurs tarifs toujours plus bas, ils sont aussi régulièrement pointés du doigt pour leur impact désastreux sur l’environnement et les conditions de travail douteuses de leurs salariés.