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Sharon Van Etten, chaud cacao

Plus libérée, la chanteuse américaine s’éloigne de la folk douloureuse de ses débuts pour un rock teinté d’électronique à la colère contenue.

Depuis la sortie de son dernier album Are We There, Sharon Van Etten s’est non seulement lancée dans des études de psychologie à Brooklyn mais est aussi apparue dans deux œuvres télévisées qui comptent parmi les plus mystiques et inexplicables en quelques lignes de ces dernières années : la série The OA, sur Netflix, en tant qu’actrice et la troisième saison de Twin Peaks de David Lynch sur scène. Un autre rôle, plus irréversible, devait encore la métamorphoser : celui de mère, qui, parmi les transformations qu’il demande à qui veut bien l’endosser, a eu un impact sur ses muscles abdominaux et lui a fait changer de tessiture de voix, comme elle l’expliquait récemment au Guardian.

Si son organe a fondu vers les graves, Sharon Van Etten semble pourtant plus légère que jamais. Il y a cinq ans, Are We There collectait une anatomie des relations, précise, douloureuse, qui asséchait l’air et mouillait les yeux. Elle semble quitter ce formalisme avec beaucoup d’amusement et de soulagement sur ce nouvel album. Mnémosyne d’un rock racé, Sharon Van Etten n’hésite plus, comme sur Memorial Day, à laisser orbiter des sons parasites, drones et bruits plus furtifs de cuivres ou de synthés, contre lesquels son chant intense rebondit d’autant plus haut. Le titre Jupiter 4 est techniquement dédié au synthé du même nom (édité par la marque Roland à la fin des années 1970) qu’elle a emprunté à un autre musicien acteur, Michael Cera, avec qui elle partageait un studio, et qui lui aurait donné envie d’écrire à nouveau.

Plus entourée que par le passé, Sharon Van Etten touille désormais ses souvenirs de peines - qu’elle nous présentait autrefois sous forme brute - en les contenant sous un couvercle. On n’entend ainsi plus que les vapeurs de sa colère sur le gracieux I Told You Everything, qui semble adressé au public. Elle dégage une force intranquille (...)

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