Severodonetsk en difficulté, "chantage" russe... la situation au 91e jour de l'invasion russe en Ukraine

La ville de Severodonetsk est bombardée par l'armée russe le 21 mai 2022. - ARIS MESSINIS / AFP
La ville de Severodonetsk est bombardée par l'armée russe le 21 mai 2022. - ARIS MESSINIS / AFP

Entrée dans son quatrième mois de guerre, l'Ukraine a accusé ce mercredi l'Otan de ne "strictement rien faire" pour lutter contre l'agression de l'armée russe qui se rapproche de Severodonetsk, à l'est du pays.

• Les combats se rapprochent de Severodonetsk

Les affrontements avec les forces russes ont atteint mercredi la périphérie de Severodonetsk, l'une des dernières villes d'importance de l'est de l'Ukraine encore sous contrôle de l'armée ukrainienne, mais qui subit des bombardements depuis plusieurs semaines.

"Les troupes russes ont avancé pour être si proches qu'elles peuvent tirer au mortier" sur Severodonetsk, a indiqué sur Telegram le gouverneur de la ville Serguiï Gaïdaï, ajoutant que la ville est dans une situation "très difficile" et "est tout simplement en train d'être détruite".

Il a accusé l'armée russe de bombarder la ville "constamment", y compris à l'aide de lance-roquettes multiples Smertch et Tornado, mais aussi de viser l'usine Azot, où des civils sont réfugiés dans des abris anti-aériens. "La semaine prochaine sera décisive", a-t-il estimé.

Un représentant non nommé des séparatistes prorusses qui combattent aux côtés de Moscou, cité par l'agence russe Interfax, a pour sa part indiqué que Severodonetsk était "encerclée" des trois côtés et que le seul pont permettant de sortir de la ville était désormais sous contrôle russe. Des informations que l'AFP n'a pas pu vérifier de manière indépendante.

876450610001_6306786317112

• La Russie demande la levée des sanctions pour éviter une crise alimentaire mondiale

Un haut diplomate russe a exigé la levée des sanctions visant Moscou comme condition pour éviter la crise alimentaire mondiale qui se dessine du fait de l'offensive en Ukraine. Il a également exigé "le déminage par Kiev" des ports de la mer Noire pour que les navires puissent exporter les céréales. La Russie s'est alors dite "prête à assurer un couloir humanitaire" aux bateaux.

Importante exportatrice de céréales, l'Ukraine voit sa production bloquée du fait des combats. Quant à celle de la Russie, autre puissance céréalière, elle ne peut être vendue en raison des sanctions touchant les secteurs financiers et logistiques.

En réaction, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a dénoncé un "chantage manifeste". "On ne peut pas trouver un meilleur exemple de chantage dans les relations internationales. Si quelqu'un l'accepte, alors cette personne a un problème", a-t-il fustigé au Forum économique mondial à Davos en Suisse.

• Moscou facilite l'octroi de passeports russes aux habitants du sud de l'Ukraine

La Russie a publié un décret présidentiel qui va permettre aux habitants des régions de Zaporijjia, de Kherson et des territoires séparatistes de Lougansk et Donetsk de demander un passeport russe via "une procédure simplifiée".

"Ce système simplifié va permettre à tout le monde de bien comprendre que la Russie n'est pas là pour longtemps, mais pour toujours", a réagi Kirill Stremooussov, un responsable nommé par Moscou dans la région conquise de Kherson, cité par l'agence Ria Novosti.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a fustigé une "violation flagrante" de son intégrité territoriale et une "nouvelle preuve de l'objectif criminel de la guerre de la Russie contre l'Ukraine". Pour les Etats-Unis, il s'agit d'une tentative d'"assujettir" la population désormais sous contrôle russe.

• Kiev accuse l'Otan de ne "strictement rien faire" contre l'agression russe

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a accusé l'Otan de ne "strictement rien faire" contre l'invasion de son pays lancée par la Russie, saluant en revanche les "décisions révolutionnaires" de l'Union européenne.

"Nous voyons l'Otan comme une alliance, comme une institution mise à l'écart et ne faisant strictement rien", a-t-il déclaré lors du Forum économique mondial se tenant à Davos, en Suisse.

Il a par ailleurs souligné qu'au début de la guerre lancée le 24 février, l'Otan était vue par les Ukrainiens comme "une puissance" et l'UE comme une institution qui ne faisait qu'"exprimer des préoccupations". "Mais la guerre a fait tomber les masques", a-t-il déclaré.

"Nous avons vu des décisions révolutionnaires prises par l'Union européenne, qu'eux-mêmes ne s'attendaient pas à prendre", s'est-il encore félicité.

Un peu plus tôt dans la journée, le président ukrainien avait reproché aux pays occidentaux un manque d'"unité" face à la guerre et déclaré avoir "besoin du soutien d'une Europe unie".

Article original publié sur BFMTV.com