Serge Hercberg : "Les arguments mensongers de lobbys agroalimentaires entravent la politique de santé publique et coûtent cher aux contribuables"
Il est à l'origine du célèbre slogan "Au moins cinq fruits et légumes par jour" : Serge Hercberg raconte à Sciences et Avenir son parcours de chercheur impliqué dans la politique nutritionnelle de santé publique en France, où pèsent de puissants acteurs économiques, peu enclins à protéger notre santé...
Cet automne, Serge Hercberg, père du Nutri-Score et du célèbre slogan "Au moins cinq fruits et légumes par jour", a reçu le prix de la revue Prescrire pour son ouvrage : Mange et tais-toi (2022). Cette distinction, décernée depuis 35 ans par la publication médicale réputée pour son indépendance à l'égard de l'industrie pharmaceutique, met en lumière des informations jugées cruciales pour les soignants, les patients et les consommateurs. Dans cette interview accordée à Sciences et Avenir, Serge Hercberg dévoile les motivations qui l’ont incité à écrire son livre : en tant que chercheur et acteur impliqué dans la politique nutritionnelle de santé publique française, il a dû affronter des acteurs économiques puissants, peu enclins à considérer la santé des Français comme une priorité.
"Une prise de conscience des lobbys a eu lieu au sein de la profession médicale"
Sciences et Avenir : Lorsque vous avez reçu le prix Prescrire, vous avez évoqué vos années de formation de médecin, en mettant en évidence les liens étroits qui existaient à l'époque entre le corps médical et les laboratoires pharmaceutiques. Pourriez-vous partager votre expérience sur le sujet ?
Serge Hercberg : Dans les années 1970, pendant ma formation médicale, les liens étroits entre le corps médical et les laboratoires pharmaceutiques étaient manifestes. Il était de pratique courante que les industriels offrent des pots lors des réunions hebdomadaires du staff médical à l'hôpital, et les pots de fin de thèse étaient financés par des acteurs économiques du secteur de la santé.
À cette époque, cette proximité entre les médecins et l'industrie pharmaceutique semblait parfaitement normale. Aujourd'hui, après de multiples scandales (Mediator…), des mesures strictes encadrent ces relations, et elles doivent être déclarées sur la base de données Transparence-Santé. Une prise de conscience a eu lieu au sein de la profession médicale, bien qu'il reste encore des axes d'amélioration dans ce domaine.
Ainsi, pour f[...]
Lire la suite sur sciencesetavenir.fr