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La Serbie interdit la Marche des fiertés, sous la pression de l’Église et des nationalistes

PHOTO OLIVER BUNIC/AFP

“Des affrontements insensés dans les rues de Belgrade rendraient plus difficile la position de notre pays, mettraient en danger la sécurité des participants à la marche ainsi que celle de l’ensemble des citoyens.” C’est en ces termes que le ministre de l’Intérieur, Aleksandar Vulin, a justifié l’interdiction, relaie Kurir. La contre-manifestation annoncée par les opposants à la marche a, elle aussi, été prohibée par la police serbe, explique le quotidien de Belgrade.

Le 27 août dernier, le président serbe, Aleksandar Vucic, avait demandé la suspension de la Marche des fiertés, invoquant les tensions au Kosovo, ancienne province serbe devenue en 2008 un État indépendant mais qui n’est pas reconnu par Belgrade. Si la Première ministre serbe, Ana Brnabic, en fonction depuis 2017, est ouvertement homosexuelle, elle n’a pas tardé à se ranger du côté des autorités. Le mariage gay n’est toujours pas autorisé en Serbie.

Marchandage politique

L’interdiction de la Marche des fiertés survient quelques jours après une grande manifestation qui a rassemblé, le 11 septembre, à Belgrade, des milliers de personnes : mouvements pro-famille traditionnelle, prêtres de l’Église orthodoxe, nationalistes d’extrême droite, antimondialistes et antivaccins, tous réunis sous la bannière de la “défense des valeurs familiales”, rapporte le quotidien Danas.

“Vucic a-t-il vraiment perdu le contrôle de la droite ou se sert-il de l’Europride pour faire du marchandage politique : je donne le Kosovo à l’Europe [j’accepte, à la demande de l’Union européenne (UE), de reconnaître le pays], mais j’interdis la Marche des fiertés pour calmer les nationalistes et les populistes”, s’interroge Vreme.

“Entre 2015 et 2019, Vucic a autorisé la Marche des fiertés pour satisfaire aux conditions d’adhésion à l’Union européenne. Aujourd’hui, alors que l’UE s’efforce de mettre fin à la crise du Kosovo et de détourner la Serbie de la tentation russe, Vucic, de façon pragmatique, fait un geste en direction des populistes nationalistes, pour lesquels la pilule amère du Kosovo ne passe toujours pas”, explique l’hebdomadaire de l’opposition serbe.

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