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Sepp Blatter plaide la bonne foi, Michel Platini veut son départ

Sepp Blatter a plaidé sa bonne foi jeudi en ouverture du 65e congrès de la Fifa prise dans la tourmente d'une affaire de corruption touchant sept de ses membres dirigeants arrêtés la veille à Zurich./Photo pris ele 28 mai 2015/REUTERS/Arnd Wiegmann

par Mike Collett et Brian Homewood ZURICH (Reuters) - Le président de la Fédération internationale de football, Sepp Blatter, a plaidé sa bonne foi jeudi en ouverture du 65e congrès d'une Fifa prise dans la tourmente et a rejeté les appels à sa démission au lendemain de l'arrestation de sept de ses dirigeants pour une affaire de corruption. Le patron du football mondial, qui est âgé de 79 ans et est en poste depuis 1998, a reconnu que son sport était frappé par la honte et l'humiliation mais il a exclu de démissionner comme le lui a demandé avec insistance le président de l'Union européenne de football (UEFA), Michel Platini, dans un appel solennel. "Les événements d'hier font peser une ombre sur le football et sur ce congrès", a-t-il lancé aux délégués de toutes les fédérations nationales dont il attend qu'ils lui confient vendredi un cinquième mandat consécutif. Essayant de prendre ses distances avec les arrestations menées mercredi par la police suisse dans le cadre d'une procédure lancée par la justice américaine, Sepp Blatter a mis en avant sa probité et sa bonne foi. "Je sais que certains me tiennent au bout du compte pour responsable mais je ne peux pas contrôler tout le monde tout le temps", a-t-il dit. "Il ne peut pas y avoir de place pour la corruption quelle qu'elle soit", a-t-il ajouté. Sepp Blatter, qui s'était montré discret depuis le début de l'affaire, a prôné des réformes afin que la "réputation de la Fifa ne soit pas traînée dans la boue plus longtemps". Les appels, notamment de l'UEFA, en faveur d'un report du congrès et de l'élection du président sont restés lettre morte et le dirigeant semble conserver de bonnes chances de l'emporter face à son seul adversaire, le prince jordanien Ali ben Hussein. NOMBREUX SOUTIENS Son opposant le plus farouche dans cette affaire reste Michel Platini qui s'est dit "écoeuré" par les derniers événements et a tenté de mobiliser les fédérations pour provoquer la défaite de Sepp Blatter vendredi. "Je peux vous dire que demain, à l'élection du président, une très très très grande majorité des associations nationales européennes va voter pour le prince Ali", a déclaré Michel Platini lors d'une conférence de presse. Selon lui, 45 ou 46 des 53 associations membres de l'UEFA voteront pour le prince Ali ben Hussein. Prié de dire si le président sortant pouvait perdre cette élection, qui lui paraissait jusqu'ici acquise, Michel Platini a répondu : "Je pense qu'il peut être battu. Avant ce qu'il s'est passé hier, non. Mais aujourd'hui (...) je pense qu'enough is enough, trop c'est trop, comme on dit en Suisse." Mais il semble que Sepp Blatter puisse compter sur un nombre suffisant de votants en sa faveur sur les 209 associations nationales membres de la Fifa pour être réélu. Plusieurs responsables politiques européens, dont le Premier ministre britannique, David Cameron, se sont aussi prononcés en faveur d'un "changement" à la tête de la Fifa. Même affaibli, le dirigeant suisse peut cependant compter sur de nombreux soutiens. En Europe, c'est le cas de la Russie, organisatrice de la Coupe du monde 2018, dont le président, Vladimir Poutine, a pris sa défense, qualifiant l'enquête américaine de "manoeuvre" visant à empêcher sa réélection. Face aux assauts de l'UEFA, le président de la Fifa compte aussi de nombreux partisans au sein des confédérations asiatique (AFC) et africaine (CAF). L'AUSTRALIE POUR LE PRINCE ALI La CAF, présidée par le Camerounais Issa Hayatou, a exprimé jeudi "son soutien intégral et permanent au train de mesures impulsées à la Fifa depuis quelques années pour l'amélioration de la gouvernance", ainsi qu'à la candidature de Sepp Blatter. L'unité de l'AFC a en revanche connu un accroc. L'Australie, qui a mal vécu d'avoir perdu l'organisation du Mondial 2022 au profit du Qatar, a annoncé qu'elle voterait en faveur du prince Ali. Le congrès de la Fifa a été officiellement ouvert jeudi soir avec un spectacle de danseurs et musiciens sous la bannière "Game of Joy, Game of Hope" suivi d'un grand buffet. Les affaires sérieuses commenceront vendredi dans le Hallenstadion de Zurich, où l'attribution des Coupes du monde de 2018 et 2022 furent annoncées, deux décisions qui ont beaucoup contribué au malaise de la Fifa et font l'objet d'une enquête pénale de la justice suisse distincte de la procédure américaine. Parallèlement aux appels à la démission de Sepp Blatter, les grands sponsors du football, qui sont nombreux à avoir fermement soutenu la Fifa malgré les allégations de corruption au cours des vingt dernières années, sont apparus préoccupés. Visa, le géant des cartes de crédit, a appelé la Fifa à procéder à des "changements maintenant". "Si la Fifa ne le faisait pas, nous l'avons informée que nous réexaminerons notre parrainage", dit l'entreprise dans un communiqué. L'allemand Adidas a appelé à plus de transparence et le brasseur Anheuser-Busch InBev, dont la marque Budweiser est un des sponsors de la Coupe du monde 2018, a dit suivre attentivement les événements. Coca-Coca souligne que les accusations "graves" à l'encontre de la Fifa ont "sali la mission et les idéaux de la Coupe du monde Fifa". (Avec Emmanuel Jarry à Paris et Mark Gleeson à Johannesburg, Tangi Salaün, Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)