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Semences autochtones : la Tunisie en prend de la graine

Dans le nord de la Tunisie, en 2010.

Alors que les semences de blé améliorées, massivement importées dans les années 80, sont rattrapées par les maladies, les variétés traditionnelles font de la résistance.

Vêtu d’un pull en laine, les yeux plissés par le vent, Nabil Ben Marzouk contemple son armée : un hectare de «chili», semence autochtone de blé dur, perdu au milieu du mont Lansarine à quelque 360 mètres d’altitude et à 60 kilomètres à l’ouest de Tunis. Lui ne cultive pas le «karim», la variété dite améliorée, car à haut rendement, créée au Mexique, dans un laboratoire du Centre international d’amélioration du maïs et de blé (Cimmyt). Au début des années 80, en pleine révolution verte, les autorités tunisiennes ont favorisé l’implantation de karim pour la production de couscous et de pâtes alimentaires. L’Institut national de la recherche agronomique de Tunisie estimait en 2016 que le karim représentait 40% des terres ensemencées en blé dur.

«Le biskri, le mahmoudi [autres variétés autochtones], le chili symbolisent autant la Tunisie que le drapeau. Personne n’oserait faire disparaître nos couleurs. Pourtant c’est exactement ce qu’il se passe avec nos épis», enrage Nabil Marzouk. Le presque sexagénaire se rappelle quand, enfant, son père et les autres céréaliers ramenaient à dos d’ânes les sacs de blés récoltés péniblement jusqu’à la moissonneuse-batteuse immobilisée faute de pouvoir avancer sur les champs escarpés. S’il ne peut remporter cette guerre, Nabil Ben Marzouk, dont le bras gauche arbore un vaillant tatouage «Je continue», résiste. Avec huit autres agriculteurs locaux, il a créé une association, Amazir, qui produit sur une dizaine d’hectares de la semoule et du boulgour issus des semences ancestrales et vendus jusqu’en Italie.

Chute des rendements

Le temps passant, les variétés améliorées comme le karim sont de moins en moins résistantes aux maladies fongiques (rouille et septoriose), qui peuvent réduire la production de 20 à 40%. Elles ont aussi du mal à s’adapter aux sécheresses de plus en (...)

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