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Semblant d'unité des syndicats pour les fonctionnaires

Tous les dirigeants syndicaux prendront part mardi à la troisième journée de mobilisation des fonctionnaires malgré les déchirures qui les opposent sur la ligne de conduite à tenir face à la politique sociale d'Emmanuel Macron. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Tous les dirigeants syndicaux prendront part mardi à la troisième journée de mobilisation des fonctionnaires malgré les déchirures qui les opposent sur la ligne de conduite à tenir face à la politique sociale d'Emmanuel Macron.

Les secrétaires généraux de la CFDT, Laurent Berger, de la CGT, Philippe Martinez, et de Force ouvrière, Pascal Pavageau, marcheront notamment dans le carré de tête de la manifestation des fonctionnaires de Paris, selon les neuf organisations syndicales à l'initiative de la journée de mobilisation.

"On y voit quelque chose de très positif", a déclaré à la presse la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison. "On sait la division syndicale dans notre pays, on sait la difficulté ne serait-ce que pour se parler au niveau interprofessionnel".

Elle y voit aussi un signe de la force des "attaques" du gouvernement contre la fonction publique.

La secrétaire générale de la CFDT fonctions publiques, Mylène Jacquot, estime pour sa part qu'il est possible de "se retrouver les uns et les autres sur des revendications concrètes, précises" quand il n'y a pas de volonté de "préempter" des revendications de chacune des organisations.

Laurent Berger a expliqué vendredi que sa présence à cette journée était justifiée car il s'agissait d'une "mobilisation syndicale" pour la "défense des fonctions publiques", contrairement à la "manifestation politique" du 26 mai.

Cette dernière est organisée par des partis politiques de gauche, des organisations syndicales et des associations, comme La France insoumise et la CGT, pour dénoncer la politique sociale du gouvernement.

"La CFDT a payé chèrement son indépendance. Il n'est pas question d'aller dans une manifestation politique", a-t-il dit vendredi sur France 2. "C'est un formidable retour en arrière pour ceux qui le font".

Son homologue de Force ouvrière, Pascal Pavageau, est lui aussi fortement opposé à l'idée de manifester le 26 mai. "Nous sommes un syndicat, rien qu'un syndicat", a-t-il déclaré vendredi sur le site des Echos.

La CGT se défend d'avoir un agenda politique. Elle explique vouloir chercher une "unité d'action" pour contrer les mesures sociales du gouvernement.

DES DIVERGENCES SOUS-JACENTES

Entre 130 et 140 manifestations de fonctionnaires sont déjà prévues à travers la France mardi. "Les échos qu'on a aujourd'hui (...) sont assez positifs sur l'inscription et la participation", a déclaré Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'UGFF-CGT.

Les syndicats dénoncent la réforme du gouvernement qui prévoit la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat, un recours accru aux contractuels, la fusion de certaines instances de représentation du personnel, la mise en place d'une rémunération au mérite ou encore l'introduction d'un plan de départs volontaires.

Ils réclament également le dégel de la valeur du point d'indice, l'abrogation de la journée de carence, ainsi qu'une compensation "pérenne" pour la hausse de la CSG.

Près de 320.000 personnes avaient défilé le 22 mars, dernière journée de mobilisation à laquelle s'étaient joints les cheminots. et

Les divergences entre les neuf syndicats de la fonction publique refont toutefois surface dès que surgit la question d'une mobilisation interprofessionnelle, objet de profonds désaccords entre les centrales contestataires et réformistes.

Le secrétaire général de la branche santé de FO, Denis Basset, a prévenu que si le gouvernement ne faisait pas de geste pour calmer les différents conflits sociaux du moment - cheminots, retraités, personnel des maisons médicalisées, etc. - il n'était pas "inconcevable" d'envisager "une action commune qui pourrait aller avec une journée interpro".

A l'autre bout du spectre, Mylène Jacquot, a rappelé que cette journée avait "des mots d'ordre précis" et que cela ne voulait dire "rien de plus, rien de moins".

Les neuf syndicats ont prévu de se revoir le 25 mai pour dresser le bilan de la manifestation.

(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)