Selon Gérald Darmanin, une victoire de Marine Le Pen en 2027 "est assez probable"
Le ministre de l’Intérieur s’exprime dans une interview donnée au journal « La Voix du Nord » et ne cache plus ses critiques contre son propre camp.
C’est une interview qui devrait connaître un certain retentissement. Gérald Darmanin estime dans un entretien donné ce jeudi 24 août à La Voix du Nord qu’une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2027 est « assez probable » si la majorité « laisse filer une majorité des classes populaires et moyennes » chez la leader du RN.
« Le fait est que dans cinq ans, une victoire de Madame Le Pen est assez probable. Face à cela, il ne nous faudra qu’une ou un candidat. Et que nous ne nous fondions pas seulement sur les gagnants de la mondialisation et les élus des centres-villes, car ça ne fait pas 51 % des voix », juge le ministre de l’Intérieur, qui organise sa rentrée politique dimanche à Tourcoing (Nord) sur le thème des « classes populaires ».
« Il faut s’occuper de la marmite sociale. On n’est pas nombreux à le faire... »
« Je me sens légitime pour dire qu’il faut s’occuper de la marmite sociale qui bout », affirme le ministre de l’Intérieur qui sort de son domaine réservé. En creux, les critiques envers son camp se lisent aisément. « Je veux attirer la focale là-dessus. Et comme on n’est pas nombreux à le faire… », ose le ministre qui a raté la marche de Matignon et qui semble adresser en creux un message à la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne qu’il n’a pas conviée à sa rentrée politique dimanche.
Et de dérouler un programme de gouvernement, lui qui n’a pas pu prononcer de discours de politique générale. Éducation, sécurité, travail, Gérald Darmanin plaide pour « un retour de l’autorité à l’école et dans la rue, davantage de fermeté de la justice et des forces de l’ordre. Les gens réclament aussi de pouvoir vivre du fruit de leur travail ».
Des critiques sur Borne et la réforme des retraites
Il affirme plaider haut et fort pour le décalage des impôts de production des entreprises, piste évoquée dans le budget du gouvernement pour 2024 et dévoile même les coulisses de ces échanges. « C’est une discussion que je peux avoir avec le ministre de l’Économie ou la Première ministre, sans être forcément entendu », confie-t-il à nos confrères de la Voix du Nord.
Des critiques, également, sur la réforme des retraites, pourtant défendue bec et ongles par Emmanuel Macron et son gouvernement. « Ce qui n’allait pas dans la réforme des retraites, c’est qu’on leur demandait en effet de travailler plus dans les conditions actuelles. Nous n’avons pas été suffisamment présents pour aider les femmes seules avec plusieurs enfants à surmonter les conséquences de la transformation de la société. »
Interrogé sur ces critiques en creux de la cheffe du gouvernement, il rétorque : « Ce n’est pas ça. Je dis qu’il faut se garder, aujourd’hui comme hier, d’utiliser des mots compliqués que les Français ne saisissent pas. ». C’est tout comme.
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