Seize départements, dont Paris, confinés pour quatre semaines, annonce Castex

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi que seize départements français, dont l'ensemble de la région parisienne, seraient confinés pendant les quatre prochaines semaines afin de tenter d'endiguer ce qu'il a présenté comme une "troisième vague" de l'épidémie de coronavirus.

"La situation de l'épidémie s'accélère rapidement (...) alors même que nous approchons du cap terrible des 100.000 morts", a déclaré le chef du gouvernement, alors que la France a enregistré plus de 35.000 nouveaux cas ces deux derniers jours, un niveau qu'elle n'avait plus connu depuis le deuxième confinement en novembre dernier..

"La situation se dégrade. Notre responsabilité est maintenant qu'elle ne nous échappe pas. Nous devons aller plus loin, prendre des mesures plus exigeantes", a souligné Jean Castex pendant une conférence de presse hebdomadaire sur la situation sanitaire.

Outre les huit départements d'Île-de-France, où le nombre de cas a augmenté de 23% en une semaine, la région des Hauts-de-France et les départements des Alpes-Maritimes, de l'Eure et de la Seine-Maritime sont concernés par le confinement.

Cette mesure, plus drastique que le confinement en vigueur le week-end depuis plusieurs semaines à Nice (Alpes-Maritimes) et Dunkerque (Nord), entraînera dès vendredi à minuit la fermeture des commerces "non essentiels", mais pas celle des écoles, a précisé Jean Castex.

"Nous maintenons le parti pris de laisser les écoles ouvertes. Choix qui nous distingue de beaucoup de nos voisins, et que nous entendons préserver autant que possible", a déclaré le Premier ministre, précisant que les lycées devraient tous passer en demi-jauge.

Les activités en extérieur resteront également autorisées à condition de présenter une attestation et dans un rayon de 10 kilomètres autour de son domicile, sans limite de durée.

En revanche, les déplacements entre les départements confinés et les autres régions seront interdits, sauf motifs professionnels ou impérieux, a précisé le Premier ministre.

Dans toute la France, le début du couvre-feu va être repoussé de 18h00 à 19h00 pour tenir compte du passage à l'heure d'été, a-t-il ajouté.

REPRISE DU VACCIN ASTRAZENECA

Le gouvernement espère que ces mesures permettront de donner un coup de frein à l'épidémie, alors que le nombre de patients hospitalisés en réanimation s'élevait jeudi à 4.246, proche de son niveau de l'automne dernier, sous l'effet notamment du variant britannique désormais largement majoritaire en France, plus contagieux et provoquant des cas plus graves.

Dans les hôpitaux de la région parisienne, le pic de la deuxième vague est déjà dépassé, a rappelé Jean Castex.

Emmanuel Macron, qui a fait fin janvier le pari d'éviter un nouveau confinement national en attendant que la campagne de vaccination permette d'alléger la pression sur les hôpitaux, avait reconnu lundi que le statu quo n'était plus tenable.

Le président de la République a multiplié ces derniers jours les consultations avec médecins, scientifiques et maires pour prendre des mesures qu'il voulait "pragmatiques, territorialisées".

"Nous avons incontestablement devant nous des jours encore difficiles", a reconnu Jean Castex. "Nous sommes confrontés à une troisième vague de cette pandémie qui semble ne pas vouloir en finir."

"Mais la grande différence avec les vagues précédentes, c'est que nous avons devant nous désormais une perspective. Cette perspective s'appelle la vaccination et cette perspective change tout puisque si les efforts d'aujourd'hui sont indispensables, plus que jamais, plus que jamais nous savons qu'ils ne seront pas vains", a-t-il assuré.

Le Premier ministre a annoncé que la France autorisait à nouveau l'utilisation du vaccin AstraZeneca, qu'elle avait suspendue lundi par mesure de précaution comme plusieurs autres pays européens, à la suite d'un avis favorable rendu dans la journée par l'Agence européenne des médicaments qui l'a jugé "sûr et efficace".

Le chef du gouvernement, qui a précisé qu'il se ferait lui-même vacciner vendredi avec une dose d'AstraZeneca, a réaffirmé l'objectif de dix millions de personnes vaccinées à la mi-avril.

"Nous tiendrons les objectifs que nous nous sommes fixés", a-t-il promis. "Ceux qui ne sont pas encore éligibles à la vaccination vont bientôt pouvoir se faire vacciner."

(Nicolas Delame, Bertrand Boucey, Tangi Salaün et Jean Terzian)