Seijun Suzuki Etoile filée

Influence majeure pour Wong Kar-wai, Jarmusch ou Tarantino, le grand formaliste japonais est mort à 93 ans.

Les notes térébrantes de la sublime valse immobile qui enveloppait la fulmination des passions contenues dans In the Mood for Love ; cet assassinat perpétré à travers des canalisations d’eau ou ce papillon venu se poser sur la lunette d’un fusil dans Ghost Dog ; le garage qui offrait son principal terrain de jeu au scope de Reservoir Dogs ; ces combats de sabre en ombres chinoises sur aplats fluos dans Kill Bill ou encore ce club au dancefloor translucide aperçu dans le même film, quelques scènes plus tôtWong Kar-wai, Jim Jarmusch, Quentin Tarantino et tant d’autres cinéastes auront un jour ou l’autre été puiser plans, idées et musiques à la source des films du Japonais Seijun Suzuki. Ainsi payèrent-ils tous hommage à un maître dont le renom n’a pourtant jamais atteint la mesure de l’admiration portée par ses illustres pairs, si prompts à disséminer dans leurs films les très éloquentes pièces à conviction de son influence et de son emprise sur leurs imaginaires. Rien que de très normal à tant de persistances rétiniennes disséminées sur tous les continents du formalisme contemporain : histoires a priori convenues de tueurs, de yakuzas, de putes ou de soldats, les grands films de Suzuki sont autant de silos emplis de fétiches étranges et d’obsessions brûlantes qui s’inoculent au regard tel un coléoptère affolé s’engouffrant dans la pupille de l’œil pour y déposer sa piqûre, flashs irrémédiablement entêtants et corps flottants d’hallucinations colorées imprimés au vitré de visions noires et blanches.

Contemporain et aîné d’une dizaine d’années des cinéastes en colère de ce qu’on a nommé, au début des sixties, «la Nouvelle Vague japonaise» (véritablement découverte en Europe une fois seulement sa carrière avortée), les Oshima, Imamura et Yoshida qui le révéraient eux aussi avec force, il aura tracé un sillon tout aussi révolutionnaire. Sans que sa révolution, (...)

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