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Focus sur "l'Église de Philadelphie", liée à la mère de Ligonnès, visé par les autorités

L'association
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Annonçant de nouvelles mesures pour lutter contre les dérives sectaires, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a pointé du doigt "l'Église de Philadelphie", dans une interview au Parisien samedi. Elle a demandé aux forces de l'ordre "d'évaluer les nouvelles pratiques, en particulier en ce qui concerne l'Église de Philadelphie, celle qu'aurait créée la mère de Xavier Dupont de Ligonnès", l'homme soupçonné du quintulpe meurtre des membres de sa famille, et disparu depuis 2011.

"Cette entité a été identifiée dans les Yvelines. Nous voulons quantifier le phénomène, mieux comprendre son fonctionnement et son implantation en France. Il s'agit aussi d'alerter l'opinion", déclare la ministre.

Une enquête ouverte en 2019

"L'Église de Philadelphie", ou "Le Jardin", est un groupe composé de quelques dizaines de membres, il aurait été créé dans les années 1970, mais est signalé en 1995. L’UNADFI (Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l'individu victimes de sectes) "a eu connaissance en 1995 du groupe de prière 'Philadelphie', dit 'Église de Philadelphie' ou encore 'Le Jardin'. Des anciens adeptes du groupe et des proches d’adeptes avaient alors contacté l’ADFI Bretagne".

Des faits de "mise sous dépendance", "pression liée aux messages à la fois séducteurs et anxiogènes de la doctrine", "escroquerie intellectuelle", "diabolisation du monde extérieur" ont été rapportés. "La doctrine du groupe était à ce point délirante que le service psychiatrique des hôpitaux de Rennes en avait été averti", explique l'UNADFI. "Dans un fascicule dévoilé en 1995 la 'religion catholique est décrite comme une synagogue de Satan'", écrit encore l'association.

La mère de Xavier Dupont de Ligonnès, Geneviève, paraît être au centre de ce groupe. Il semble que ce soit Christine, fille de cette dernière, et soeur de Xavier, qui soit désormais à la tête de l'Église. En novembre 2019 une enquête, a été ouverte par le parquet de Versailles, pour "abus de faiblesse en état de sujétion psychologique visant un mouvement d'inspiration catholique, traditionaliste, radical et apocalyptique".

L'enquête intervient à la suite des témoignages de deux frères, rapportait Le Parisien en janvier. L'un affirme avoir quitté l'organisation pour vivre une relation amoureuse qu'on lui interdisait, il déclare aussi avoir dû règler des factures téléphoniques de Christine Dupont de Ligonnès. L'autre dit s'être toujours tenu à l'écart du groupe. Les deux hommes ont expliqué que leurs parents étaient depuis vingt ans sous l'emprise psychologique de Geneviève Dupont de Ligonnès, puis de sa fille. Leur fortune aurait été dilapidée, et leur père serait dans un état psychologique instable.

"Des messages divins du Christ"

Contacté par Le Parisien, l'avocat de la famille nie les déclarations des deux frères, et les accusations portées sur un potentiel groupe sectaire: "Pour moi, il n'y a pas plus de secte que d'or en barre". "On a parlé de gourou, de je ne sais quoi... Je n'ai jamais rassemblé personne ici, je n'ai jamais reçu qui que ce soit" déclarait sur notre antenne en 2011 Geneviève Dupont de Ligonnès, niant être à la tête d'une secte. "J'ai quelques amis, nous partageons les mêmes idées", déclarait-elle seulement.

Au sein de cette organisation, "Geneviève de Ligonnès fait état de soi-disant messages divins du Christ qu'elle recevrait elle-même et qu'elle retransmettrait tous les mois à ses membres", expliquait le président de la Miviludes à BFMTV (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) Georges Fenech en 2011.

"À partir du moment où vous avez un leader charismatique qui reçoit des messages divins, qu'il y a en contrepartie quelques exigences financières, que des familles quittent leur travail et que des enfants sont déscolarisés", énumèrait-il à l'époque. "Ajoutez à cela des réunions fermées attendant l'apocalypse, disant qu'un roi doit arriver prochainement sur terre ou qu'une femme est enceinte de Satan par exemple".

Les autorités enquêtant sur la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès se sont intéressées à ce groupe, présumant qu'il aurait pu aider le suspect à s'évanouir dans la nature, mais aucune piste ne semble se distinguer de ce côté. Les accusations de sectarisme restent également encore à étayer.

Article original publié sur BFMTV.com