Scrutin indirect, postes remis en jeu... Le mode d'emploi des sénatoriales de ce dimanche

L'hémicycle du Sénat au Palais du Luxembourg à Paris, le 17 novembre 2016 à Paris  - LIONEL BONAVENTURE © 2019 AFP
L'hémicycle du Sénat au Palais du Luxembourg à Paris, le 17 novembre 2016 à Paris - LIONEL BONAVENTURE © 2019 AFP

Elles surviennent tous les trois ans, mais ont une forte tendance à passer sous les radars. Ce dimanche se tiennent les élections sénatoriales de 2020. Sur les 348 sièges de la Chambre haute, 172 sont remis en jeu, répartis sur 63 circonscriptions. Il s'agit de la "série 2", qui concerne normalement 178 sièges, mais six sénateurs des circonscriptions des Français de l'étranger ont vu leur mandat prolongé d'un an en raison de l'épidémie de Covid-19.

Le sentiment qui prévaut concernant les sénatoriales est avant tout une forme de confusion, essentiellement liée au mode de scrutin indirect. De quoi BFMTV.com vous énumère les points clés de cet événement observé avec attention par toutes les parties prenantes.

Un scrutin indirect...

Contrairement à tous les élus que compte la République, notamment son président, les sénateurs sont choisis par les Français de façon indirecte. Ils sont élus - pour un mandat de six ans - par ce que l'on appelle des "grands électeurs". Ce collège électoral compte l'ensemble des conseillers départementaux, les députés, les conseillers régionaux élus dans chaque département, les délégués de conseils municipaux et, bien sûr, les sénateurs eux-mêmes.

Petite précision importante, qui explique en quoi les élections municipales ont un effet quasi mécanique sur les sénatoriales: les délégués municipaux constituent 95% des 87.000 grands électeurs qui seront appelés aux urnes ce dimanche. Leur mode de désignation dépend de la taille de leur commune. À cette aune, l'étiquette politique de tel ou tel délégué compte, d'autant plus que le vote aux sénatoriales est obligatoire - ceux qui s'abstiennent encourent une amende de 100 euros.

...selon deux modes de répartition des sièges

Entre l'assiette et la manière d'en répartir le contenu, il faut suivre. S'agissant des sénatoriales, deux modes de scrutin cohabitent. Il y a d'abord le scrutin uninominal majoritaire à deux tours, utilisé dans les circonscriptions où sont élus un ou deux sénateurs. Les deux tours ont lieu le même jour: le premier le matin et le second l'après-midi, pour les candidats ayant été mis en ballottage. En cas d'égalité, c'est le plus âgé des deux qui est élu.

Dans les départements où sont élus trois sénateurs et plus, c’est le scrutin proportionnel qui s’applique. Les candidats se regroupent sur des listes comportant autant de noms que de sièges à pourvoir, plus deux, avec une alternance homme-femme, sans panachage possible. Les sièges sont ensuite répartis entre les listes suivant les règles de la plus forte moyenne.

1453 candidats en lice...

Le Sénat, comme l'Assemblée nationale, vote la loi et contrôle l'action du gouvernement. Aux termes de la Constitution, la chambre haute assure en outre "la représentation des collectivités territoriales", leur accordant une attention particulière.

1453 candidats sont en lice cette année. C'est un nombre sensiblement à celui du renouvellement de 2017, qui avait enregistré un nombre record de 1996 candidats. Sur les 172 sièges en jeu, 117 sénateurs sortants se représentent, soit plus des deux tiers.

La moyenne d'âge des candidats est de 55 ans et six mois, pour une moyenne d'âge des sénateurs actuellement en poste de 63 ans et 8 mois. Il faut avoir 24 ans pour être sénateur, contre 18 ans pour les autres mandats électoraux.

En ce qui concerne la parité, les femmes représentent seulement un peu plus de 27% des candidats titulaires au scrutin majoritaire, la loi imposant que le suppléant soit de sexe différent. Au scrutin proportionnel, où la loi impose une stricte alternance d'hommes et de femmes sur les listes, 27% aussi sont menées par des femmes. On compte aujourd'hui environ un tiers de sénatrices dans l'hémicycle, une proportion qui ne devrait pas connaître de modification significative.

...dont deux ministres

Comme cela a été précisé plus haut, la "série 2" du Sénat couvre un total de 63 cironscriptions. Il y a parmi eux 58 départements de métropole (de l'Ain à l'Indre et du Bas-Rhin au Territoire de Belfort, à l'exception des départements d'Île-de-France), un département d'outre-mer, la Guyane, et 4 collectivités (Wallis-et-Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Polynésie française).

Deux ministres figurent parmi les candidats: celui des Outre-mer, Sébastien Lecornu (Outre-mer), qui devrait être élu dans son fief de l'Eure, et le secrétaire d'État en charge du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, qui brigue sa réélection dans l'Yonne. Ils ne peuvent siéger tant qu'ils sont au gouvernement. Depuis 2017, les sénateurs ne peuvent plus cumuler leur mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale.

À l'heure actuelle, c'est la droite qui domine la Chambre haute avec un groupe Les Républicains détenant 143 sièges, dont 76 sont renouvelables ce dimanche. Les socialistes ont le deuxième groupe avec 71 sièges dont 35 sont remis en jeu, suivis des centristes (groupe UC) avec 51 sièges, dont 24 renouvelables. Le groupe La République en marche, lui, est donc loin d'être en position de force qu'il l'est à l'Assemblée nationale, où la macronie détient la majorité. Au Sénat, le groupe dirigé par François Patriat ne compte aujourd'hui que 23 membres, dont 10 remettent leur mandat en jeu ce dimanche.

Enfin, l'élection à la présidence du Sénat se tiendra le 1er octobre. Titulaire du poste de 2008 à 2011 puis depuis 2014, Gérard Larcher demeure le favori pour ce "troisième tour".

Article original publié sur BFMTV.com