Schulz critique la position de Merkel sur l'automobile

BERLIN (Reuters) - Le président du Parti social-démocrate allemand (SPD), Martin Schulz, principal adversaire d'Angela Merkel aux élections fédérales du 24 septembre, a critiqué mardi la position adoptée par la chancelière auprès des constructeurs automobiles et réclame que ces derniers paient pour le scandale des émissions polluantes. L'avenir de l'automobile, premier exportateur de l'Allemagne et qui emploie dans les 800.000 personnes, est devenu un enjeu majeur de la campagne électorale après les révélations sur les tests d'émissions truqués de Volkswagen aux Etats-Unis en septembre 2015. Martin Schulz accuse Angela Merkel d'avoir changé à plusieurs reprises son point de vue sur la nécessité de développer des voitures électriques et sur l'avenir des véhicules diesel, suscitant ainsi des interrogations auprès des syndicats et des consommateurs. "Les changements d'avis de Mme Merkel perturbent les syndicats et ne permettent en rien d'être sûr que ceux qui sont à l'origine de cette crise en seront tenus pour responsables", a-t-il déclaré. Angela Merkel a défendu son approche lors d'un rassemblement de campagne à Cuxhaven, une ville du nord de l'Allemagne, mardi, arguant qu'il était important d'à la fois soutenir l'industrie automobile et réduire la pollution dans les villes allemandes. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré, lors d'une manifestation organisée par le quotidien financier Handelsblatt, qu'il était partisan d'une réglementation plus stricte de l'industrie automobile. Il n'a pas été plus explicite, se contentant d'ajouter que cette industrie avait commis de graves erreurs et qu'elle devait en assumer les conséquences. Martin Schulz a salué le ralliement tardif du gouvernement à sa proposition vendredi de fixer des quotas de voitures électriques en Europe, une initiative que la chancelière avait rejetée dans un premier temps, la jugeant mal conçue. Mais il a ajouté ne pas comprendre le brusque changement opéré par Angela Merkel qui a décidé lundi de soutenir l'interdiction des voitures diesel, une décision qui, selon lui, risque de nuire à court terme aux consommateurs et aux salariés du secteur automobile. Le gouvernement et les constructeurs allemands ont signé au début du mois un accord prévoyant de modifier les moteurs de 5,3 millions de véhicules diesel pour les rendre moins polluants, après que des villes à travers le monde ont décidé d'interdire à terme la mise en circulation de nouveaux véhicules diesel. "Les consommateurs ont besoin de savoir avec certitude qu'ils ne paieront pas pour les erreurs des constructeurs automobiles et leurs manigances avec des organisations politiques, voire même avec des organes du gouvernement allemand", a-t-il ajouté. Il a également critiqué les constructeurs automobiles allemands "qui le prennent de haut parce qu'ils pensent être protégés du fait de leur proximité avec la chancelière Merkel", estimant qu'un deuxième sommet sur le diesel constituait une occasion de régler les problèmes en suspens. Angela Merkel a déclaré qu'elle dirigerait le prochain sommet si, comme prévu, elle remporte les élections. (Andrea Shalal; Claude Chendjou pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)