Scandales à Hollywood : l'affaire Roman Polanski

En 1977, le réalisateur franco-polonais Roman Polanski est une star à Hollywood, où il est de retour après plusieurs années d'absence. Au début des années 1970, après l'assassinat de sa femme, l'actrice Sharon Tate alors enceinte de huit mois, par des proches du tueur en série et gourou Charles Manson, il rentre vivre et travailler en Europe. Il vient de réaliser Le Locataire, qui a reçu un accueil peu enthousiaste à Cannes. 

Un soir de mars 1977, Samantha Gailey, 13 ans, rentrée chez elle après une séance photos avec le cinéaste, commence à raconter à son petit ami que Roman Polanski l'a violée. Ayant surpris leur conversation, la mère de Samatha prévient la police et porte plainte. Le 24 mars, la jeune fille témoigne devant le Grand Jury du comté de Los Angeles : le réalisateur l'a fait boire du champagne, lui a fait prendre du Qaalude, autrement appelé mathaqualone, un sédatif, avant de la violer, la contraignant à un rapport vaginal, puis anal. L'agression s'est produite dans la maison de Jack Nicholson, absent au moment des faits. 

La justice retient six chefs d'accusation contre lui : "Fourniture de substance réglementée à une mineure, actes obscènes et lascifs sur une enfant de moins de 14 ans, relations sexuelles illégales avec une mineure, viol par usage de drogue, perversion et sodomie." En échange de l'abandon des autres charges, Roman Polanski plaide coupable pour le chef d'accusation "relations sexuelles illégales avec une mineure de moins de 18 ans" et il est envoyé quatre-vingt-dix jours en détention pour qu'on puisse établir un diagnostique psychiatrique. Après 42 jours passés dans la prison de Chino, il est libéré. L'évaluation psychatrique est favorable, mais le juge revient sur sa décision. C'est alors que Polanski fuit les Etats-Unis pour l'Angleterre, puis la France. Puisqu'il possède la nationalité française, il ne sera pas extradé. 

Plusieurs demandes d'extradition sont adressées par les Etats-Unis aux divers pays dans lesquels se rend le cinéaste. En 1988, onze ans après les faits, Samantha engage des poursuites contre lui pour "déni d'agression sexuelle, infliction intentionnelle de détresse émotionnelle et séduction". En 1993, un arrangement est conclu entre les deux parties et Samatha, désormais épouse Geimer, retire sa plainte en échange d'une somme avoisinant les 500 000 dollars. En 2013, elle déclarera avoir reçu une lettre d'excuses privées plusieurs années auparavant, et avoir pardonné à son violeur. Elle exprime également le souhait de voir son dossier réexaminé par la justice américaine afin qu'il puisse revenir aux Etats-Unis un jour. 


Roman Polanski à Cannes en 1976, avant l'affaire

Fin septembre 2009, le cinéaste est arrêté à Zurich, la Suisse honorant ainsi un traité d’entraide judiciaire pénale signé avec les Etats-Unis, qui, eux, n'ont pas lâché l'affaire. Il passe deux mois en prison et est ensuite assigné à résidence en attendant une décision de la justice américaine. En juillet 2010, les États-Unis émettent une demande d'extradition du cinéaste, mais cette décision est refusée par la Suisse, qui le déclare libre à l'intérieur de son territoire. La même autorisation se produira en sol français. 

Entre-temps, le 14 mai 2010, l'actrice britannique Charlotte Lewis accuse Roman Polanski de l'avoir violée lorsqu'elle avait seize ans. Elle est entendue par la police de Los Angeles, mais l'un des avocats de Polanski menace alors de la poursuivre pour ses allégations. 

En 2017, deux nouvelles accusations sont portées contre Roman Polanski : une femme identifiée sous le nom de « Robin » l'accuse en août de l'avoir agressée sexuellement en 1973, alors qu'elle avait 16 ans et l'ancienne actrice allemande Renate Langer l'accuse en octobre de l'avoir violée en 1972, alors qu'elle avait 15 ans. La police suisse a déclaré début octobre qu'une enquête visait en effet le cinéaste. 

Aux yeux d'Interpol, en raison des poursuites engagées par la justice américaine contre lui depuis 1977, Roman Polanski est toujours considéré comme fugitif et à l'heure actuelle, le réalisateur ne peut circuler librement que dans trois pays : la France, la Pologne et la Suisse. 

La bande-annonce du documentaire Roman Polanski: Un homme traqué :