"Scandale", "prise d'otages": colère des avocats après la nouvelle suspension au procès des viols de Mazan

Avocats de la défense et des parties civiles ont exprimé leur incompréhension et leur colère face à la situation de renvoi qui pèse, alors que l'audience a dû être à nouveau suspendue lundi en raison de l'absence de Dominique Pelicot.

La poursuite du procès des viols de Mazan (Vaucluse) est désormais suspendue aux conclusions de deux médecins, saisis par la justice pour expertiser Dominique Pelicot. Ce lundi matin, à la reprise de l'audience, l'heure était à la colère alors que le septuagénaire, principal accusé de ce procès qui a pris une dimension sociétale, était absent du box en raison de problèmes de santé.

"On a un procès qui mobilise 100 personnes, un homme qui souffre depuis plus de huit jours et il n'a été pris en charge que depuis hier", a dénoncé Me Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot qui dit avoir alerté la cour criminelle du Vaucluse ce week-end entraînant l'hospitalisation de son client dimanche soir. Ce dernier souffre d'une infection rénale, d'un calcul dans la vessie et d'un problème à la prostate.

Dominique Pelicot a commencé à se plaindre il y a plus d'une semaine. Il avait été en grande partie absent de son procès la semaine dernière, alors qu'il devait être interrogé par la cour sur la soumission chimique et les viols qu'il a fait subir à son ex-épouse.

"Nous sommes pris en otage depuis huit jours. Tout cela aurait pu être évité s'il avait été pris en charge dès lundi. Il y a un débat entre le corps médical et l'administration pénitentiaire qui nous est étranger.

"La cour a été prise en otage dans ce débat, nous en faisons les frais aujourd'hui", a martelé Me Béatrice Zavarro, avant que le président de la cour n'ordonne une expertise.

Deux experts, un médecin légiste et un clinicien, vont rencontrer Dominique Pelicot, revenu dans sa cellule de la prison du Pontet. Leurs conclusions seront communiquées mardi matin à 9 heures à la reprise de l'audience.

"Il y a deux questions qu'il faut se poser, insiste Me Patrick Gontard, avocat de l'un des 50 hommes jugés aux côtés du septuagénaire. Est-ce qu’il peut être présent et est-ce qu’il peut participer? Parce qu'être présent, c’est une chose, participer - et ô combien sa parole est importante - c’est autre chose."

L'inquiétude et la "colère" sont partagées par les parties civiles, d'autant que les problèmes de santé de Dominique Pelicot étaient connus depuis l'instruction. "Les mots nous manquent pour exprimer à quel point la situation dans laquelle nous nous trouvons est anormale", a déploré Me Babonneau, expliquant que sa cliente "vit au rythme de cette incertitude".

Pour les avocats de la victime, la situation serait un "scandale" si l'impossibilité de comparaître de Dominique Pelicot venait d'un retard dans sa prise en charge.

"La situation tourne en boucle depuis une semaine, il y a de la colère", insiste Me Stéphane Babonneau qui s'interroge sur l'absence d'une "surveillance médicale au quotidien" pour Dominique Pelicot.

Désormais suspendue aux conclusions des experts, la cour criminelle du Vaucluse pourra décider d'une reprise des débats dès mardi, d'une suspension de quelques jours ou d'un renvoi définitif. Dans ce cas, un nouveau procès devra être organisé. Une "catastrophe" pour toutes les parties.

Article original publié sur BFMTV.com