Les scènes de sexe non simulées ne suffiront plus à interdire un film aux moins de 18 ans ?

Jean-François Mary, président de la Commission de Classification des œuvres cinématographiques, souhaite réajuster un texte de loi pour qu’un film puisse contenir des scènes de "vrai" sexe sans être forcément interdit aux moins de 18 ans.

Voici une idée reçue qui a la dent dure : les films comportant des scènes de sexe non simulées seraient automatiquement interdits aux moins de dix-huit ans. Ce n’est pas toujours le cas : L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie, par exemple, est interdit aux moins de seize ans. Plus étonnant encore, La Vie de Jesus de Bruno Dumont comporte un gros plan sur une pénétration. Il est pourtant classé "tous publics".

Les récentes affaires Love de Gaspar Noé ou Nymphomaniac Volume 2 de Lars Von Trier portent à croire qu’un film comportant à l'écran une scène de vrai sexe entre comédiens doit être interdit aux mineurs, même s’il ne l’a pas initialement été par la Commission de Classification avant la sortie du film. La réalité est plus nuancée.

Antichrist de Lars von Trier restera interdit aux moins de 18 ans

Gardons en tête qu’on ne parle ici que de cinéma "traditionnel", laissant de côté la pornographie au classement X, qui va de pair avec non seulement une interdiction des films aux mineurs, mais aussi une exploitation dans un circuit dédié, soumis à une législation spécifique.

Un décret datant de 2003 visant ces films traditionnels avec éventuellement des scènes de sexe non-simulées peut prêter à confusion. Il réinstaure l’interdiction aux moins de 18 ans, disparue en 1990, pour les films "comportant des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence". Voilà qui laisserait entendre que chaque œuvre répondant à ces critères devrait être automatiquement interdite aux mineurs.

Simulées ou non simulées ? La vérité sur ces scènes de sexe cul-tes du cinéma !

C’est justement ce texte que Jean-François Mary, président de la Commission de Classification des œuvres cinématographiques, cherche à modifier. Le site de L’Express rapporte ces propos : "Le critère de la non-simulation des scènes de sexe a évidemment perdu son intérêt au cours des récentes années, avec le développement des techniques numériques de mise en scène."

De quoi faire réagir les représentants de l’association Promouvoir qui demande souvent la révision des décisions de la Commission de Classification auprès des tribunaux administratifs et jusqu'au Conseil d’Etat pour obtenir  des mesures plus restrictives. La plupart des récentes affaires de révision de classification s’appuyaient naturellement sur ce décret de 2003, dont le contenu pourrait donc changer prochainement.

La bande annonce de Love de Gaspar Noé