Scènes de chaos lors de la première distribution d'aide à Mossoul

par Isabel Coles MOSSOUL, Irak (Reuters) - La police irakienne a dû tirer en l'air jeudi face au chaos provoqué par la première distribution d'aide humanitaire dans les quartiers de Mossoul repris au groupe Etat islamique. L'opération, organisée par les agences des Nations unies en plusieurs endroits de la ville du nord de l'Irak, devait venir en aide à 45.000 habitants. Dès que la nouvelle s'est répandue, les habitants du quartier de Zuhour se sont rués vers l'école primaire choisie comme point de distribution. Deux files d'attente se sont formées de chaque côté de l'entrée principale, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes mais au bout d'un certain temps, les esprits se sont échauffés. Les organisateurs ont séparé la foule en plusieurs groupes sans parvenir à contrôler l'afflux de centaines de personnes qui se sont précipitées dans l'école. La police est alors intervenue en tirant plusieurs coups de feu en l'air et en brandissant de longs bâtons, parvenant ainsi à rétablir l'ordre. A l'intérieur de l'établissement, les travailleurs humanitaires avaient déchargé trois camions remplis de boîtes contenant vivres, trousses d'hygiène et purificateurs d'eau. "Nous allons couvrir toute la population de ce secteur", expliquait Hayder Ithawi, un responsable du Programme alimentaire mondial. A l'extérieur, des habitants craignaient pourtant de ne pas toucher leur part d'aide, en se rappelant de précédentes distributions. "Certains ont eu cinq sacs de farine, d'autres sont repartis sans rien", déclarait Ihsan Abdullah, un charpentier de 46 ans. La plupart des habitants avaient des cartes de rationnement délivrées par le gouvernement. Samira Mohamed, elle, possédait un billet portant le tampon de la police religieuse de l'Etat islamique. Il prouvait que sa carte de rationnement avait été confisquée parce que son fils élevait des oiseaux, ce qui est défendu par les islamistes rigoristes. Conscient du caractère "critique" de la situation, Hayder Ithawi a promis que tout document permettant d'identifier un foyer et un chef de famille serait accepté, y compris les documents émis par l'Etat islamique. Dans la file d'attente, trois hommes ont été interpellés après avoir été dénoncés comme des membres de l'organisation djihadiste. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)