Sauver le climat grâce Cop26 est possible (mais il y a un mais)

La science est pour la première optimiste pour le climat grâce aux engagements révisés par les Etats lors de la Cop26.  (Photo: Iuliia Bondar via Getty Images)
La science est pour la première optimiste pour le climat grâce aux engagements révisés par les Etats lors de la Cop26. (Photo: Iuliia Bondar via Getty Images)

La science est pour la première optimiste pour le climat grâce aux engagements révisés par les Etats lors de la Cop26. (Photo: Iuliia Bondar via Getty Images)

CLIMAT - Un autre chemin est encore possible. Les engagements climatiques pris lors de la Cop26 de Glasgow (Écosse) fin 2021 pourraient, s’ils sont tenus, maintenir le réchauffement juste en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle. C’est en tout cas ce qu’affirment des chercheurs dans une modélisation publiée ce mercredi 13 avril dans la revue scientifique Nature.

“C’est une grande nouvelle car c’est la première fois que les gouvernements ont la confirmation que leurs engagements climatiques permettent de maintenir le réchauffement en dessous de 2°C”, s’enthousiasme Christophe McGlade, l’un des auteurs et chef de l’unité “Approvisionnement en énergie” à l’Agence internationale de l’énergie. Il faut en effet bien se rendre compte que pendant 50 ans, la lutte contre le crise climatique n’a été qu’une succession d’échecs.

La Cop21 et l’Accord de Paris avaient enfin mis tout le monde d’accord. 195 pays avaient signé pour un réchauffement “nettement” en dessous de +2 °C d’ici à 2100 et si possible à +1,5 °C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle. Mais les engagements individuels des pays étaient bien insuffisants. Dans le dernier rapport du Giec, les experts du climat estimaient qu’au vu de ces promesses, la hausse des températures allait dépasser les +3°C.

Des conditions

Pour parvenir à cette conclusion encourageante, les scientifiques ont épluché les objectifs révisés de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays signataires de l’Accord de Paris de 2015. En sept ans, les pays ont largement revu à la hausse leurs objectifs climatiques.

Ce qui permet aux auteurs de cette étude d’affirmer qu’il est encore possible de maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C. Mais il y a une condition: ces promesses doivent être mises en œuvre “intégralement” et “dans les délais”.

Un objectif qui n’est pas si simple à atteindre et oblige les États à relever deux défis. Le premier: la réalisation de leurs promesses, les “NDC”. Ce sont les plans climatiques déployés par chaque pays pour réduire drastiquement leurs émissions nationales d’ici 2030. Le second: tenir leurs engagements à long terme après 2030. Seule la combinaison des deux permettra de contenir la température en dessous de la barre symbolique des 2 °C. La probabilité du dépassement de cette limite reste forte: plus de 40% pour 2°C et plus de 12% pour 2,5 °C.

Aucune garantie que les pays respectent leurs engagements

Les scientifiques ajoutent qu’il n’y a aucune garantie que les pays respectent leurs engagements: “l’optimisme devrait être freiné jusqu’à ce que les promesses de réduire les émissions à l’avenir soient soutenues par des actions plus fortes à court terme”, mettent-ils en garde. De plus, le financement de ces promesses est loin d’être acté. La Cop15 de 2009 prévoyait 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour le climat. Lors de la Cop26, l’échéance a été reportée à 2023.

Les pays développés se sont aussi engagés à soutenir les pays pauvres. Encore une fois, le Nord rechigne pourtant à sortir le porte-monnaie, alors que 100 milliards de dollars par an ont été promis; il manque aujourd’hui encore 20 milliards. Mais même si cette promesse était tenue, l’aide resterait insuffisante. Pour s’adapter au changement climatique, 140 à 300 milliards par an sont nécessaires à ces pays, a évalué en 2016 le Programme des Nations unies pour l’environnement.

La liste de conditions pour “sauver le climat” est donc longue. Mais imaginons que les États respectent les engagements pris à la Cop26, mettent sur la table assez d’argent pour financer leurs promesses et aider les pays pauvres: nous sommes sur le bon chemin pour “sauver le climat”. Une très bonne nouvelle qui reste à nuancer.

Des conséquences déjà graves avec +1,5 degré

Même avec toutes ces exigences cochées, l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris (celui qui veut maintenir le réchauffement à +1,5°C) reste hors de portée. “Les promesses de réduction nette des émissions de gaz à effet de serre nous placent juste en dessous de 2°C, mais pas de 1,5°C”, déplorent les scientifiques. L’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris a moins de 10% de chances d’être atteint. Une trajectoire encore réalisable, mais seulement si des mesures nouvelles sont mises en place. Il est en effet probable que la hausse de 1,5°C soit atteinte dès 2030.

Avec des conséquences néfastes. “Un dépassement de l’objectif +1,5 °C exposerait les systèmes naturels et humains à de graves risques (...) comme la disparition d’écosystèmes (degré de confiance élevé)”, alerte le Giec. Les experts ajoutent au catalogue des risques: l’augmentation des périodes de sécheresse extrêmes, des risques de manque d’eau, plus de personnes menacées par la pauvreté en Afrique et en Asie.

Pour éviter ce scénario sombre, il faudrait donc aller plus loin et plus vite que les promesses actuelles, dont rien n’assure qu’elles seront tenues. Un maigre espoir qui pourrait se concrétiser si le Sommet de la Terre, prévu début juin à Rio, accouche de mesures très fortes pour le climat.

À écouter aussi sur Le HuffPost: L’épisode de notre podcast L’Envert du décor sur la Cop26 sans déprimer

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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